1 00:00:05,620 --> 00:00:06,380 Bonjour. 2 00:00:07,060 --> 00:00:11,590 Alors pour terminer avec la manière dont les États souscrivent des 3 00:00:12,250 --> 00:00:14,920 emprunts sur les marchés financiers et en fait émettent des titres 4 00:00:15,120 --> 00:00:17,920 obligataires, et ce sur le fondement du droit étranger pour beaucoup 5 00:00:18,120 --> 00:00:20,500 des États concernés, évoquons donc le cas des "fonds 6 00:00:20,700 --> 00:00:24,010 vautours", je mets des guillemets, expression qui désigne des fonds 7 00:00:24,210 --> 00:00:28,930 d'investissement mais qui ont une pratique un peu particulière consistant 8 00:00:29,130 --> 00:00:33,550 à acquérir finalement des titres de dette auprès d'investisseurs 9 00:00:33,750 --> 00:00:38,590 inquiets de ne jamais revoir leur mise, dans des situations où un État 10 00:00:38,790 --> 00:00:39,550 fait défaut. 11 00:00:39,750 --> 00:00:43,870 Alors prenons l'exemple argentin, qui a suscité pas mal d'affaires 12 00:00:44,070 --> 00:00:44,860 assez intéressantes. 13 00:00:45,670 --> 00:00:49,900 On l'a déjà vu, l'Argentine a eu plusieurs occasions de faire défaut 14 00:00:50,140 --> 00:00:53,320 dans son histoire, particulièrement en 2001, puis en 2014. 15 00:00:53,650 --> 00:00:56,650 Et donc, dans ces situations, l'Argentine dit "Je ne paierai pas, 16 00:00:56,850 --> 00:01:00,880 donc ni les intérêts, ni parfois le capital que j'ai 17 00:01:01,080 --> 00:01:02,470 emprunté auprès de tel ou tel investisseur". 18 00:01:02,890 --> 00:01:05,230 Et donc dans ce type de situation alors de deux choses l'une, 19 00:01:05,430 --> 00:01:08,470 soit l'investisseur prend son mal en patience en espérant que l'Argentine 20 00:01:08,670 --> 00:01:11,080 change d'avis, finisse par faire face à ses obligations, 21 00:01:11,280 --> 00:01:14,500 ce qui peut arriver, ou bien préfère se séparer de ces 22 00:01:14,700 --> 00:01:18,220 titres en les vendant évidemment au rabais sur le second marché, 23 00:01:18,420 --> 00:01:21,340 beaucoup moins cher que leur valeur faciale, souvent pour quelque chose 24 00:01:21,540 --> 00:01:25,060 comme 1/10e de leur valeur faciale, et c'est là qu'interviennent mes 25 00:01:25,260 --> 00:01:28,180 "fonds vautours" entre guillemets, qui se sont faits pour certains 26 00:01:28,380 --> 00:01:32,410 d'entre eux une spécialité de racheter ces titres à une valeur bien inférieure 27 00:01:32,610 --> 00:01:34,690 à leur valeur faciale, parfois, donc 1/10e de la valeur 28 00:01:35,170 --> 00:01:41,560 pour ensuite, conduire un certain nombre de procédures judiciaires 29 00:01:41,800 --> 00:01:44,770 afin de tenter finalement de contraindre les États concernés 30 00:01:44,970 --> 00:01:49,990 à payer la valeur globale et la somme globale qui apparaît facialement 31 00:01:50,190 --> 00:01:51,070 sur le titre en question. 32 00:01:51,270 --> 00:01:55,990 Alors, ça a donné lieu à un certain nombre d'affaires extrêmement 33 00:01:56,190 --> 00:02:02,770 médiatisées, notamment dans les années 2013-2015, avec un juge 34 00:02:03,070 --> 00:02:06,760 de l'État de New York fréquemment sollicité par ces fonds vautours 35 00:02:06,970 --> 00:02:11,530 pour tenter donc de contraindre l'Argentine notamment à payer ce 36 00:02:11,730 --> 00:02:15,370 qu'elle devait, et ce en procédant par exemple à des saisies sur des 37 00:02:15,570 --> 00:02:17,980 biens que l'Argentine détiendrait dans tel ou tel État. 38 00:02:18,280 --> 00:02:21,970 Alors il se trouve que tout cela n'a pas été réservé à l'État de 39 00:02:22,170 --> 00:02:25,270 New York parce qu'ensuite, sur le fondement de la décision 40 00:02:25,470 --> 00:02:28,420 prise par la juridiction new yorkaise, eh bien les fonds vautours sont 41 00:02:28,620 --> 00:02:31,960 allés dans les différents États du monde susceptibles de faire 42 00:02:32,160 --> 00:02:36,190 exécution finalement de cette décision new yorkaise, et la France notamment, 43 00:02:36,390 --> 00:02:38,800 a été sollicitée, alors avec une évolution de la jurisprudence de 44 00:02:39,000 --> 00:02:43,240 la Cour de cassation un peu troublante puisqu'en 2013, alors je cite l'arrêt 45 00:02:43,440 --> 00:02:46,990 du 28 mars 2013 qui avait beaucoup étonné la doctrine et je le dis 46 00:02:47,190 --> 00:02:49,420 tout de suite, sur lequel la Cour de cassation est revenue deux ans 47 00:02:49,620 --> 00:02:56,650 plus tard, puisque la Cour de cassation avait finalement refusé qu'un fonds 48 00:02:56,850 --> 00:03:00,400 vautour puisse solliciter les juridictions françaises pour faire 49 00:03:00,600 --> 00:03:05,590 exécuter cette décision en saisissant des biens, alors plus exactement 50 00:03:05,790 --> 00:03:09,260 des créances détenues en France par l'État argentin, 51 00:03:09,460 --> 00:03:15,280 l'idée était notamment d'imposer à ce que Total, qui exploite un 52 00:03:15,480 --> 00:03:18,040 certain nombre de gisements en Argentine et donc qui ait des dettes 53 00:03:18,240 --> 00:03:22,120 fiscales à l'égard du gouvernement argentin, Total France doit payer 54 00:03:22,320 --> 00:03:26,110 des impôts en Argentine, et l'idée était donc d'imposer 55 00:03:26,620 --> 00:03:32,410 au juge français la saisie d'une partie de ces sommes censés revenir 56 00:03:32,610 --> 00:03:36,820 à l'État argentin, afin de rémunérer ces détenteurs de titres de dette 57 00:03:37,020 --> 00:03:38,860 argentins sur le fondement, encore une fois de la décision 58 00:03:39,060 --> 00:03:40,720 du juge new yorkais. 59 00:03:40,960 --> 00:03:45,190 Alors la Cour de cassation, en 2013, a considéré que le droit 60 00:03:45,390 --> 00:03:47,680 international public, le droit des immunités, 61 00:03:47,880 --> 00:03:54,820 couvrait non seulement l'ambassade, les biens diplomatiques traditionnels 62 00:03:55,020 --> 00:03:58,030 couverts par les immunités en droit international, mais également un 63 00:03:58,230 --> 00:04:00,760 certain nombre de créances, alors au terme, je le répète, 64 00:04:00,960 --> 00:04:04,060 d'une décision qui a été extrêmement contestée et incomprise par la 65 00:04:04,260 --> 00:04:07,150 doctrine à l'époque, et d'ailleurs, deux ans plus tard, 66 00:04:07,350 --> 00:04:11,230 le 13 mai 2015, la Cour de cassation a opéré un revirement de jurisprudence, 67 00:04:11,530 --> 00:04:14,440 à propos alors d'un autre État, qui était la République démocratique 68 00:04:14,640 --> 00:04:18,490 du Congo, qui là aussi, était en quelque sorte visée par 69 00:04:18,690 --> 00:04:20,380 des procédures judiciaires d'exécution. 70 00:04:20,580 --> 00:04:24,100 Alors, il se trouve que les choses ont été réglées par le législateur 71 00:04:24,300 --> 00:04:29,140 ensuite, et c'est la loi dite Sapin II de 2016, du 9 décembre 2016, 72 00:04:29,410 --> 00:04:35,410 qui est venue étendre en fait le champ des immunités en interdisant 73 00:04:35,610 --> 00:04:39,370 aux autorités judiciaires françaises de poursuivre non seulement les États, 74 00:04:39,580 --> 00:04:43,330 mais également les biens appartenant aux États étrangers, 75 00:04:43,960 --> 00:04:47,290 pour justement couper court à ce type de procédure, en gros, 76 00:04:47,620 --> 00:04:53,590 en favorisant finalement les aspects diplomatiques et les intérêts 77 00:04:53,790 --> 00:04:56,290 financiers des États avec lesquels la France entretient ou essaie 78 00:04:56,490 --> 00:04:59,980 d'entretenir des relations, plutôt que l'intérêt des créanciers 79 00:05:00,270 --> 00:05:01,070 de ces États. 80 00:05:02,030 --> 00:05:04,710 On peut porter le jugement qu'on veut sur le plan politique, 81 00:05:04,910 --> 00:05:06,870 sur cette affaire-là, mais en tout cas, la question est 82 00:05:07,070 --> 00:05:09,150 aujourd'hui à peu près réglée en France, mais elle continue d'être 83 00:05:09,350 --> 00:05:11,820 tout à fait urgente dans un certain nombre d'États. 84 00:05:12,020 --> 00:05:18,360 Alors, pour terminer avec la dette, voyons les modalités pratiques 85 00:05:18,600 --> 00:05:21,990 de gestion de cette dette en se concentrant sur la France maintenant, 86 00:05:25,140 --> 00:05:29,100 ce qui mérite d'être noté, c'est qu'il y a plusieurs acteurs 87 00:05:29,300 --> 00:05:32,070 finalement qui sont au cœur de cette ingénierie. 88 00:05:32,400 --> 00:05:34,860 Le premier acteur, je l'ai cité, c'est l'Agence France Trésor, 89 00:05:35,060 --> 00:05:37,020 l'Agence France Trésor, en fait qui dépend du ministère 90 00:05:37,220 --> 00:05:39,810 des Finances et elle n'a pas la personnalité morale, 91 00:05:40,380 --> 00:05:43,260 mais elle dépend directement du ministre et c'est elle qui au quotidien 92 00:05:43,460 --> 00:05:47,160 donc achète, vend, gère, bref, les titres de dette non seulement 93 00:05:47,610 --> 00:05:51,660 de la France, de l'État, mais également de la Sécurité sociale 94 00:05:51,860 --> 00:05:57,480 puisque la CADES en réalité passe par l'Agence France Trésor pour 95 00:05:57,930 --> 00:06:03,240 acquérir notamment et plutôt pour émettre et donc vendre des titres 96 00:06:03,440 --> 00:06:04,200 de dette. 97 00:06:04,400 --> 00:06:06,540 Alors il se trouve que, deuxième série d'acteurs, 98 00:06:07,050 --> 00:06:11,460 ce sont bien entendu les acquéreurs de titres de dette et l'Agence 99 00:06:11,660 --> 00:06:15,540 France Trésor a coutume de travailler avec un certain nombre d'investisseurs 100 00:06:15,740 --> 00:06:19,470 institutionnels, les grandes banques, pour l'essentiel, qualifiées de SVT. 101 00:06:20,130 --> 00:06:22,200 Il s'agit des Spécialistes en Valeur du Trésor. 102 00:06:22,400 --> 00:06:23,270 Alors les SVT, qu'est-ce que c'est ? 103 00:06:23,610 --> 00:06:26,730 C'est tout simplement des grandes banques et des grands investisseurs. 104 00:06:26,930 --> 00:06:28,620 Ça peut être des fonds de pension, mais ce sont plutôt des banques 105 00:06:29,190 --> 00:06:32,250 françaises et étrangères qui sont les meilleurs clients finalement 106 00:06:33,270 --> 00:06:37,230 des titres obligataires français et donc avec qui des relations 107 00:06:37,430 --> 00:06:41,460 continuent, trouvent à se nouer, ce qui permet finalement à la France 108 00:06:41,660 --> 00:06:44,580 d'émettre des titres qui correspondent aussi aux attentes et aux besoins 109 00:06:45,000 --> 00:06:47,490 de ses clients que sont la BNP, la Société Générale, 110 00:06:48,390 --> 00:06:52,360 BlackRock ou la Barclays parmi ceux qui comptent aujourd'hui et 111 00:06:52,560 --> 00:06:55,650 parmi ces SVT, donc ces relations institutionnelles sont globales 112 00:06:55,850 --> 00:06:59,400 et cela permet encore une fois d'ajuster au mieux les besoins 113 00:06:59,600 --> 00:07:02,970 des investisseurs qui ont de l'argent à investir parfois sur cinq ans, 114 00:07:03,170 --> 00:07:05,220 dix ans, 20 ans, 30 ans pour faire plaisir à leurs clients, 115 00:07:05,490 --> 00:07:08,610 et la France est contente justement de tenir compte de ces besoins 116 00:07:08,810 --> 00:07:13,260 pour justement émettre des titres de dettes de durées variables aux 117 00:07:13,460 --> 00:07:15,390 taux d'intérêt les plus faibles parce qu'évidemment, c'est l'intérêt 118 00:07:15,590 --> 00:07:19,140 de la France que de payer le moins cher possible et donc pour cela, 119 00:07:19,540 --> 00:07:23,750 il faut évidemment que les intérêts des uns et des autres coïncident, 120 00:07:23,950 --> 00:07:29,130 d'où ces relations extrêmement proches et fréquentes finalement 121 00:07:29,330 --> 00:07:32,070 entre les États et les différents investisseurs. 122 00:07:32,270 --> 00:07:36,660 Alors, s'agissant de l'émission des titres, notons simplement que 123 00:07:36,960 --> 00:07:40,170 la pratique traditionnellement distingue aujourd'hui deux catégories 124 00:07:40,370 --> 00:07:43,820 là où par le passé, il y en avait trois, la catégorie principale 125 00:07:44,020 --> 00:07:46,290 aujourd'hui qui porte la dette française, c'est la catégorie dite 126 00:07:46,490 --> 00:07:50,310 des OAT, les Obligations Assimilables du Trésor donc ce sont des titres 127 00:07:50,510 --> 00:07:53,070 de dette que la France émet pour des durées en général comprises 128 00:07:53,270 --> 00:07:54,780 entre deux et 50 ans. 129 00:07:55,060 --> 00:07:58,560 La partie la plus importante est autour des 10 ans, mais il y a 130 00:07:58,760 --> 00:08:00,360 aussi des titres émis pour 20 ans, 30 ans. 131 00:08:00,720 --> 00:08:03,810 L'idée donc, finalement, c'est de lisser le remboursement 132 00:08:04,010 --> 00:08:07,230 de la dette pour que la France n'ait pas à rembourser ses 3 000 133 00:08:07,430 --> 00:08:09,660 milliards de dettes le même jour, ce qui serait évidemment monstrueux 134 00:08:09,860 --> 00:08:12,510 car il faudrait trouver 3 000 milliards pour compenser évidemment tout cela. 135 00:08:12,900 --> 00:08:16,260 Et donc il y a une stratégie d'étalement, on parle d'amortissement 136 00:08:16,460 --> 00:08:18,810 de la dette, mais c'est d'abord de l'étalement du remboursement 137 00:08:19,010 --> 00:08:21,840 sur une période assez longue, et ce évidemment en fonction des 138 00:08:22,040 --> 00:08:27,900 taux d'intérêt, Là, les années Covid, qui ont coïncidé avec des années 139 00:08:28,100 --> 00:08:31,470 de taux d'intérêt extrêmement bas, ont conduit la France à emprunter 140 00:08:31,670 --> 00:08:34,020 beaucoup d'argent à taux fixe sur des durées très très longues, 141 00:08:34,290 --> 00:08:37,800 en se disant qu'il serait difficile de trouver des taux aussi avantageux 142 00:08:38,160 --> 00:08:40,740 sur les prochaines années vraisemblablement, d'où cette stratégie 143 00:08:40,940 --> 00:08:46,140 consistant à emettre des titres à très longue durée tout en étalant 144 00:08:46,340 --> 00:08:47,130 évidemment ces durées. 145 00:08:47,330 --> 00:08:51,000 Alors il se trouve que parallèlement à cela, il y a une deuxième catégorie 146 00:08:51,200 --> 00:08:53,770 que sont les BTF, alors les Bons du Trésor à taux fixe à intérêt 147 00:08:53,970 --> 00:08:58,080 précompté, je les ai déjà évoqués, puisque c'est les titres qui portent 148 00:08:58,280 --> 00:09:01,020 la dette à court terme, c'est-à-dire inférieurs à un an, 149 00:09:01,220 --> 00:09:04,440 d'une semaine à un an, en pratique plutôt de un mois à un an. 150 00:09:04,770 --> 00:09:06,840 Alors ce sont des titres qui ont des caractéristiques un tout petit 151 00:09:07,040 --> 00:09:11,460 peu différentes puisqu'on l'a déjà vu, le paiement du capital, 152 00:09:11,660 --> 00:09:13,950 alors comme toujours, s'effectue à la fin mais le paiement 153 00:09:14,150 --> 00:09:15,600 des intérêts s'effectue au début. 154 00:09:15,800 --> 00:09:19,620 Alors techniquement, un BTF, lorsque vous avez besoin 155 00:09:19,820 --> 00:09:25,890 d'emprunter 100 a priori, en réalité, vous empruntez 99 et 156 00:09:26,090 --> 00:09:27,200 vous payez 100 au bout d'un an. 157 00:09:27,400 --> 00:09:29,940 Et donc l'intérêt est précompté, c'est-à-dire qu'il est payé dès 158 00:09:30,140 --> 00:09:30,900 l'origine. 159 00:09:31,200 --> 00:09:33,340 C'est une technique particulière, tandis que pour l'OAT, 160 00:09:33,840 --> 00:09:36,390 bien entendu, le capital, si vous empruntez 100, 161 00:09:36,590 --> 00:09:39,390 vous paierez les 100 au bout de 10 ans, 20 ans, 30 ans et puis tout au 162 00:09:39,590 --> 00:09:43,740 long de la durée de vie du prêt, vous détachez le coupon tous les ans, 163 00:09:43,940 --> 00:09:47,550 vous payez ce coupon, c'est-à-dire l'intérêt annuel attaché 164 00:09:47,750 --> 00:09:48,510 à l'OAT. 165 00:09:48,710 --> 00:09:52,110 Alors une troisième catégorie continue d'exister de manière très marginale, 166 00:09:52,310 --> 00:09:57,310 c'étaient les titres de 2 à 5 ans, les BTAN, mais cette catégorie 167 00:09:57,510 --> 00:10:01,160 donc est en voie de disparition donc je n'y insiste pas s'agissant 168 00:10:01,360 --> 00:10:02,120 de la France. 169 00:10:02,320 --> 00:10:07,430 Alors, dans tous les cas, ces titres sont proposés sur les 170 00:10:07,630 --> 00:10:09,710 marchés financiers, auprès donc des investisseurs institutionnels, 171 00:10:10,390 --> 00:10:13,430 à travers une technique assimilable en fait à une vente aux enchères. 172 00:10:13,630 --> 00:10:15,320 On parle d'adjudication à la hollandaise. 173 00:10:15,530 --> 00:10:20,780 Il s'agit de proposer finalement des lots de titres d'une maturité 174 00:10:20,980 --> 00:10:23,870 particulière, donc d'une durée de vie particulière au meilleur taux. 175 00:10:24,120 --> 00:10:26,660 Et donc les premières banques qui souhaitent prendre une partie de 176 00:10:26,860 --> 00:10:31,100 ces titres à un taux faible se présentent et puis le reste est 177 00:10:31,300 --> 00:10:33,030 pris par ceux qui proposent un taux un peu supérieur. 178 00:10:33,230 --> 00:10:36,440 Donc c'est tout à fait une logique, encore une fois, d'enchères qui permet, 179 00:10:36,640 --> 00:10:38,750 au bout du compte, c'est l'idée, à la France d'obtenir les taux 180 00:10:38,950 --> 00:10:42,140 les plus faibles possibles pour donc les lots, encore une fois, 181 00:10:42,380 --> 00:10:44,390 d'obligations qu'elle souhaite émettre. 182 00:10:45,560 --> 00:10:48,440 Sur la question des stratégies de lissage, je ne peux malheureusement 183 00:10:48,640 --> 00:10:51,800 pas rentrer dans le détail, mais l'idée qui guide encore une 184 00:10:52,000 --> 00:10:56,060 fois l'Agence France Trésor dans ses stratégies d'émission de titres 185 00:10:56,260 --> 00:10:59,570 et parfois de rachat de titres de dette lorsque des titres de 186 00:10:59,770 --> 00:11:02,150 dette sont détenus par des investisseurs avec un taux d'intérêt 187 00:11:02,350 --> 00:11:04,910 assez élevé mais qui souhaitent s'en débarrasser, la France a tout 188 00:11:05,110 --> 00:11:08,530 intérêt à les racheter lorsque cela lui coûte moins cher justement, 189 00:11:08,990 --> 00:11:11,450 de re-émettre au même moment de nouveaux titres de dettes avec 190 00:11:11,650 --> 00:11:14,480 des taux d'intérêt plus faibles, évidemment, il y a un gain dans 191 00:11:14,680 --> 00:11:15,440 l'opération. 192 00:11:15,640 --> 00:11:18,470 Et donc toutes ces stratégies au quotidien sont conduites par l'Agence 193 00:11:18,670 --> 00:11:22,940 France Trésor avec un seul et unique objectif, enfin plus exactement 194 00:11:23,140 --> 00:11:23,900 un double objectif. 195 00:11:24,100 --> 00:11:27,890 Le premier, c'est d'émettre des titres de dette au plus faible 196 00:11:28,090 --> 00:11:31,070 coût pour la France et donc pour les contribuables français finalement, 197 00:11:31,270 --> 00:11:34,160 d'une part, et d'autre part de la manière la plus sécurisée, 198 00:11:34,360 --> 00:11:37,670 c'est-à-dire pour éviter qu'un jour, dans un an, dans 10 ans, 199 00:11:37,870 --> 00:11:43,400 dans 50 ans, la France rencontre une difficulté puisque tout à coup, 200 00:11:43,600 --> 00:11:47,240 donc une quantité considérable de titres de dette arriveraient 201 00:11:47,540 --> 00:11:50,690 à maturité, devraient être remboursées, donc avec une difficulté potentielle 202 00:11:50,890 --> 00:11:54,950 à ce moment-là pour se refinancer sur les marchés financiers donc 203 00:11:55,150 --> 00:11:57,860 cette logique de sécurisation, finalement de la dette, 204 00:11:58,070 --> 00:12:03,800 consiste donc à étaler au maximum son remboursement sur le moyen 205 00:12:04,000 --> 00:12:08,930 long terme et donc au terme d'opérations quotidiennes que 206 00:12:09,130 --> 00:12:12,080 conduisent les banques et les établissements financiers exactement 207 00:12:12,280 --> 00:12:16,490 de la même manière donc là, on est au cœur d'un des terrains 208 00:12:16,690 --> 00:12:20,840 sur lesquels l'action d'État se banalise, l'action de l'État ressemble 209 00:12:21,040 --> 00:12:23,360 de plus en plus à ce que font les très grandes entreprises et plus 210 00:12:23,560 --> 00:12:25,340 encore les très grands investisseurs institutionnels. 211 00:12:26,000 --> 00:12:28,940 Voilà donc pour cette question des ressources. 212 00:12:31,590 --> 00:12:39,270 Alors il nous reste le temps d'entamer finalement, le dernier titre de 213 00:12:39,470 --> 00:12:43,470 cet enseignement concernant les dépenses publiques. 214 00:12:44,130 --> 00:12:48,480 Alors je vais, pour être très honnête avec vous, condenser et ramasser 215 00:12:48,680 --> 00:12:52,590 considérablement un enseignement qui sans doute mériterait de tenir 216 00:12:53,040 --> 00:12:56,010 sur plusieurs séances et qui, dans beaucoup de manuels, 217 00:12:56,210 --> 00:12:57,480 occupe beaucoup de pages. 218 00:12:58,140 --> 00:13:02,040 J'estime néanmoins que ces questions restent à la fois assez techniques 219 00:13:02,430 --> 00:13:06,210 et d'un intérêt peut-être relativement secondaire tant elles relèvent 220 00:13:06,410 --> 00:13:09,390 peut-être du droit constitutionnel spécial ou du droit parlementaire 221 00:13:09,590 --> 00:13:12,000 pour beaucoup d'entre elles, matière tout à fait passionnante, 222 00:13:12,200 --> 00:13:14,790 mais qui me semble tout de même d'un moindre intérêt par rapport 223 00:13:14,990 --> 00:13:18,300 aux éléments que j'ai cru devoir souligner. 224 00:13:18,900 --> 00:13:21,600 Alors titre 2 donc : les dépenses publiques, 225 00:13:21,800 --> 00:13:25,410 ce qui mérite absolument d'être noté. 226 00:13:25,610 --> 00:13:29,790 D'abord, c'est que la France est parmi les championnes du monde, 227 00:13:29,990 --> 00:13:34,710 parmi les quelques pays qui dépensent le plus dans le sens où, 228 00:13:34,910 --> 00:13:38,250 rapportée à la richesse nationale, rapportée au PIB, la France est 229 00:13:38,450 --> 00:13:42,150 l'un des rares États qui dépensent plus de la moitié de la richesse 230 00:13:42,350 --> 00:13:47,730 nationale, entre 55 et 57 % ces dernières années du PIB donc en 231 00:13:47,930 --> 00:13:49,980 redistribution, si vous voulez, de la richesse au bout du compte, 232 00:13:50,180 --> 00:13:52,350 à travers des prestations sociales, à travers des prestations de services 233 00:13:52,550 --> 00:13:53,310 publics. 234 00:13:53,510 --> 00:13:57,720 Et donc ces dépenses donc obéissent à un certain nombre de règles, 235 00:13:57,920 --> 00:14:00,210 de mécanismes juridiques qui les guident donc c'est ce que je voudrais 236 00:14:00,410 --> 00:14:02,850 très brièvement évoquer maintenant. 237 00:14:03,050 --> 00:14:07,710 Alors, d'abord, dans un sous-titre, un bref sous-titre premier, 238 00:14:08,310 --> 00:14:12,000 quelques éléments de classification, et on sera un tout petit peu plus 239 00:14:12,200 --> 00:14:14,700 précis ensuite, s'agissant des éléments qui tiennent à la 240 00:14:14,900 --> 00:14:17,220 programmation des dépenses, même si en fait, on reverra des 241 00:14:17,420 --> 00:14:19,320 choses qu'on a déjà vues, donc les choses pourront être traitées 242 00:14:19,520 --> 00:14:20,280 assez rapidement. 243 00:14:20,850 --> 00:14:24,030 S'agissant de la classification, simplement, vous vous rappelez 244 00:14:24,230 --> 00:14:27,330 l'idée qu'on a envisagée en début de semestre, tenant à la liberté, 245 00:14:27,600 --> 00:14:31,650 à la liberté de dépenser, je le rappelle, d'une part, 246 00:14:32,580 --> 00:14:35,340 les collectivités publiques, alors certes, sont tenues par un 247 00:14:35,540 --> 00:14:37,590 principe de spécialité, notamment pour les établissements 248 00:14:37,790 --> 00:14:42,210 publics, à des compétences que la loi fixe pour les collectivités 249 00:14:42,410 --> 00:14:47,310 territoriales et pour l'État et la Sécurité sociale à, 250 00:14:47,820 --> 00:14:50,520 là encore des normes constitutionnelles, mais qui restent 251 00:14:50,760 --> 00:14:52,880 relativement souples. 252 00:14:53,100 --> 00:14:56,880 Alors certes, vous avez vu en droit administratif la décision ville 253 00:14:57,080 --> 00:14:59,970 de Nevers notamment, qui vient limiter théoriquement 254 00:15:00,240 --> 00:15:04,020 la capacité des personnes publiques à faire concurrence à l'initiative 255 00:15:04,220 --> 00:15:04,980 privée. 256 00:15:05,180 --> 00:15:10,080 Ces normes restent en fait relativement souples et il y a donc fondamentalement 257 00:15:10,650 --> 00:15:14,040 un principe de liberté de dépenser par les collectivités publiques 258 00:15:14,240 --> 00:15:17,670 globalement, qui guide quand même l'essentiel de ces dépenses. 259 00:15:17,870 --> 00:15:20,100 Alors, certes, et c'est là que les choses peuvent être un petit 260 00:15:20,300 --> 00:15:24,660 peu plus précises, il existe un certain nombre de dépenses 261 00:15:24,860 --> 00:15:25,620 obligatoires. 262 00:15:25,820 --> 00:15:27,810 C'est d'abord le cas pour les collectivités territoriales, 263 00:15:28,010 --> 00:15:31,110 je vous renvoie à ce qu'on a déjà vu, qui sont inscrites dans le Code 264 00:15:31,310 --> 00:15:32,820 général des collectivités territoriales. 265 00:15:33,120 --> 00:15:35,490 Il existe également des dépenses obligatoires pour les caisses de 266 00:15:35,690 --> 00:15:40,200 Sécurité sociale, dès lors que le médecin vient prescrire un soin, 267 00:15:40,400 --> 00:15:44,310 s'il respecte la nomenclature de la Sécurité sociale, 268 00:15:44,510 --> 00:15:45,750 il y aura une obligation de payer. 269 00:15:46,170 --> 00:15:49,530 C'est beaucoup moins évident pour l'État, même si on peut supposer 270 00:15:49,730 --> 00:15:52,560 que la constitution impose à un certain nombre de services publics 271 00:15:52,760 --> 00:15:53,520 d'être délivrés. 272 00:15:53,720 --> 00:15:56,550 Mais la jurisprudence ne s'est jamais véritablement prononcée 273 00:15:56,750 --> 00:15:57,510 sur ce point. 274 00:15:57,960 --> 00:16:01,170 Seuls certains textes épars, notamment des dispositions 275 00:16:01,370 --> 00:16:04,450 législatives, imposent concrètement à l'État d'acquitter un certain 276 00:16:04,650 --> 00:16:07,980 nombre d'impôts puisque l'État est contribuable, et les collectivités 277 00:16:08,180 --> 00:16:10,290 territoriales aussi d'ailleurs, mais pour certains impôts, 278 00:16:10,490 --> 00:16:13,980 notamment les impôts locaux que paye l'État au titre des bâtiments 279 00:16:14,180 --> 00:16:17,160 par exemple, qu'il peut détenir dans certaines collectivités et 280 00:16:17,400 --> 00:16:21,180 au titre également des condamnations judiciaires donc qu'il peut essuyer, 281 00:16:21,380 --> 00:16:23,910 il y a aussi des dispositions législatives qui viennent obliger 282 00:16:24,110 --> 00:16:27,240 l'État à payer les sommes auxquelles il peut être condamné. 283 00:16:27,440 --> 00:16:31,200 Mais pour le reste, ce sont plutôt des dépenses facultatives donc 284 00:16:31,410 --> 00:16:34,620 que connaissent les différentes administrations publiques. 285 00:16:35,010 --> 00:16:39,060 La plupart des missions de service public sont prises en charge parce 286 00:16:39,260 --> 00:16:43,770 que l'administration aura décidé qu'il était d'intérêt général d'assumer 287 00:16:43,970 --> 00:16:44,820 la mission en question. 288 00:16:45,480 --> 00:16:48,870 Et c'est le cas aussi pour toute une série de subventions, 289 00:16:49,070 --> 00:16:52,860 d'aides ou de prestations de différentes natures qui vont être 290 00:16:53,060 --> 00:16:56,070 délivrées au-delà des prestations de service public par ces collectivités 291 00:16:56,270 --> 00:17:00,510 publiques, donc non obligation de dépenser, on l'a vu en tout 292 00:17:00,710 --> 00:17:03,810 début de ce semestre, mais aussi possibilité finalement 293 00:17:04,200 --> 00:17:07,170 d'étendre le champ de l'action publique. 294 00:17:08,130 --> 00:17:13,830 Et là encore, je me répète, mais les 50 dernières années pour 295 00:17:14,030 --> 00:17:16,440 la France et pour la plupart des pays du monde tendent à montrer 296 00:17:16,640 --> 00:17:21,570 que le mouvement est celui plutôt d'un accroissement de l'action 297 00:17:21,770 --> 00:17:24,240 des administrations publiques des États et notamment de la France, 298 00:17:24,440 --> 00:17:28,200 avec plutôt un développement de ces missions et donc de ces dépenses. 299 00:17:28,400 --> 00:17:31,860 Alors néanmoins, tout cela doit obéir à un certain nombre de règles 300 00:17:32,060 --> 00:17:34,290 et notamment de règles de programmation et c'est là qu'on va s'efforcer 301 00:17:34,490 --> 00:17:37,620 d'être un tout petit peu plus précis, même s'il nous reste peu de temps. 302 00:17:37,920 --> 00:17:41,520 Donc voyons sous-titre deuxième : la programmation des dépenses. 303 00:17:43,090 --> 00:17:47,640 Alors l'ensemble des manuels s'accordent à proposer une présentation 304 00:17:47,840 --> 00:17:51,090 reposant d'abord sur des grands principes, et on verra ensuite 305 00:17:51,290 --> 00:17:54,390 très brièvement les éléments de procédure budgétaire qui méritent 306 00:17:54,720 --> 00:17:55,480 d'être reconnus. 307 00:17:55,680 --> 00:18:00,990 S'agissant, chapitre premier, des grands principes du droit 308 00:18:01,190 --> 00:18:04,150 budgétaire, alors ces grands principes ont de grand, d'abord, 309 00:18:04,590 --> 00:18:09,810 le fait d'être assez anciens, tous remontent à la Restauration, 310 00:18:10,260 --> 00:18:13,800 même parfois à l'Ancien Régime, et en tout cas, ils ont été 311 00:18:15,270 --> 00:18:17,940 retravaillés, si je puis dire, et affinés sous la Restauration, 312 00:18:18,360 --> 00:18:21,820 ont pour certains d'entre eux évolué depuis, mais ont ceci d'éminent 313 00:18:22,020 --> 00:18:22,780 dans un premier temps. 314 00:18:22,980 --> 00:18:26,100 Alors après, ils ont ceci de grand également qu'ils trouvent à s'appliquer 315 00:18:26,430 --> 00:18:29,280 à peu près de la même manière à l'ensemble des administrations 316 00:18:29,480 --> 00:18:32,640 publiques, c'est pour ça que je traite l'ensemble de ces principes 317 00:18:32,840 --> 00:18:34,830 et l'ensemble des administrations publiques ensemble. 318 00:18:35,070 --> 00:18:36,480 Alors quels sont ces grands principes ? 319 00:18:36,720 --> 00:18:40,950 Là pour la peine, les présentations peuvent varier d'un auteur à l'autre. 320 00:18:41,940 --> 00:18:44,880 Il n'y a pas de liste, si vous voulez, officielle de ces 321 00:18:45,080 --> 00:18:47,970 grands principes, je pense qu'on peut en rassembler plusieurs sous 322 00:18:48,170 --> 00:18:51,510 une étiquette extrêmement importante qui est celle de sincérité. 323 00:18:52,080 --> 00:18:55,200 Voyons cela dans un premier temps avant de voir plus brièvement le 324 00:18:55,400 --> 00:18:58,320 principe de l'annualité, puis le principe de spécialité. 325 00:18:59,230 --> 00:19:02,490 Donc section première : le principe de sincérité donc qui 326 00:19:02,690 --> 00:19:05,720 guide l'élaboration de l'ensemble des budgets et donc la programmation 327 00:19:05,920 --> 00:19:08,250 finalement des dépenses parce que c'est ça le cœur, évidemment, 328 00:19:09,450 --> 00:19:10,380 de l'opération. 329 00:19:11,550 --> 00:19:14,430 On a déjà évoqué cette notion, je crois, de sincérité en tout 330 00:19:14,630 --> 00:19:17,780 début de semestre, lorsque je vous disais que cela comptait parmi, 331 00:19:17,980 --> 00:19:22,200 enfin cette notion de sincérité était l'un des principes comptables 332 00:19:22,440 --> 00:19:24,750 qui s'appliquent aux entreprises de très longue date, 333 00:19:24,950 --> 00:19:27,660 mais qui s'appliquent également à l'État depuis la réforme en 2008 334 00:19:27,860 --> 00:19:30,690 de la Constitution et l'inclusion d'un article 47 deuxièmement, 335 00:19:31,410 --> 00:19:37,260 qui prévoit donc que le budget de l'État, et ensuite sa comptabilité, 336 00:19:37,460 --> 00:19:39,000 font l'objet d'une évaluation sincère. 337 00:19:39,200 --> 00:19:41,730 Alors, qu'est-ce que cela signifie ? 338 00:19:41,930 --> 00:19:45,990 En réalité, plusieurs choses donc au-delà de la comptabilité, 339 00:19:46,190 --> 00:19:49,350 donc du fait de retracer sincèrement les recettes et les dépenses notamment, 340 00:19:49,650 --> 00:19:52,560 il y a aussi donc une obligation désormais de sincérité dans 341 00:19:52,860 --> 00:19:56,460 l'évaluation, donc dans la programmation des recettes, 342 00:19:56,660 --> 00:19:57,870 mais surtout des dépenses. 343 00:19:58,830 --> 00:20:01,530 C'est vrai, donc, dans cette évaluation globale des recettes et des dépenses, 344 00:20:01,860 --> 00:20:04,700 c'est vrai aussi dans quelque chose de plus technique, qui est en fait 345 00:20:04,900 --> 00:20:08,340 le périmètre des différentes enveloppes et des différents budgets, 346 00:20:08,550 --> 00:20:10,050 comme on le verra ensuite. 347 00:20:10,250 --> 00:20:13,650 Donc voyons, en sous-section première, la sincérité dans l'évaluation 348 00:20:13,850 --> 00:20:15,840 des recettes et des dépenses. 349 00:20:17,700 --> 00:20:23,970 Alors une sorte d'idée générale peut être rattachée à cette idée 350 00:20:24,170 --> 00:20:25,110 de sincérité. 351 00:20:25,310 --> 00:20:30,060 En fait, c'est une sorte d'obligation de bonne foi que fait peser le 352 00:20:30,260 --> 00:20:32,910 Conseil constitutionnel et en fait des normes de valeur constitutionnelle 353 00:20:33,110 --> 00:20:35,490 sur le législateur, et on trouve des choses tout à fait équivalentes 354 00:20:35,690 --> 00:20:38,100 dans les textes de lois qui trouvent à s'appliquer aux collectivités 355 00:20:38,300 --> 00:20:40,230 territoriales et à l'ensemble des administrations publiques. 356 00:20:41,010 --> 00:20:43,710 Première chose sur cette obligation de sincérité, cette obligation 357 00:20:43,910 --> 00:20:46,320 en quelque sorte de bonne foi, c'est le Conseil constitutionnel, 358 00:20:46,800 --> 00:20:49,170 s'agissant de l'État, qu'il a dégagé le premier dans 359 00:20:49,370 --> 00:20:54,270 une décision de 1993, du 21 juin 1993, où pour la première 360 00:20:54,470 --> 00:20:57,870 fois, le Conseil constitutionnel a estimé, en l'absence de tout texte, 361 00:20:58,080 --> 00:21:01,920 que le gouvernement, dans ses projets de lois de finances 362 00:21:02,120 --> 00:21:04,560 rectificatives en l'espèce, devait effectivement faire preuve 363 00:21:04,760 --> 00:21:07,260 de sincérité dans l'évaluation des recettes et des dépenses, 364 00:21:07,460 --> 00:21:10,260 par exemple, dans l'évaluation des recettes fiscales, 365 00:21:10,460 --> 00:21:13,920 qui découlent directement, évidemment, des prévisions de 366 00:21:14,120 --> 00:21:17,400 croissance économique, et que donc des prévisions fantaisistes 367 00:21:17,600 --> 00:21:20,700 faisant croire à une embellie formidable de la situation économique 368 00:21:20,900 --> 00:21:24,090 pouvaient donner lieu à une condamnation par le Conseil 369 00:21:24,290 --> 00:21:26,130 constitutionnel pour défaut de sincérité. 370 00:21:26,330 --> 00:21:30,120 Alors, encore une fois, il n'y a pas eu de condamnation en 1993, 371 00:21:30,320 --> 00:21:33,390 mais simplement la reconnaissance de cette exigence dans une décision. 372 00:21:33,590 --> 00:21:36,660 Il se trouve que tout cela a été ensuite repris par la LOLF, 373 00:21:37,410 --> 00:21:39,030 puisque aujourd'hui, donc depuis 2001, c'est l'article 374 00:21:39,230 --> 00:21:43,110 32 de la LOLF qui exige la sincérité, le mot est dans le texte, 375 00:21:43,350 --> 00:21:46,230 la sincérité de ces évaluations de recettes et de dépenses, 376 00:21:46,430 --> 00:21:49,470 et donc dans l'évaluation notamment de l'équilibre prévisionnel, 377 00:21:49,860 --> 00:21:52,800 qui s'attache donc à la loi de finances initiale, il y a donc 378 00:21:53,000 --> 00:21:57,030 cette exigence de sincérité, le terme a été repris par la loi 379 00:21:57,230 --> 00:22:00,720 organique, et on trouve également des choses très comparables dans 380 00:22:00,920 --> 00:22:03,090 le Code général des collectivités territoriales, pour ne citer que 381 00:22:03,290 --> 00:22:05,630 cet exemple, on a déjà envisagé l'article L. 382 00:22:05,830 --> 00:22:09,750 1612-4 du Code général des collectivités territoriales, 383 00:22:09,950 --> 00:22:13,260 avec, vous vous en souvenez sans doute, l'exigence d'équilibre réel qui 384 00:22:13,460 --> 00:22:17,100 pèse sur les comptes de ces collectivités, cette exigence 385 00:22:17,300 --> 00:22:21,330 d'équilibre réel renvoie finalement très évidemment à cette logique 386 00:22:21,530 --> 00:22:22,770 de sincérité. 387 00:22:23,880 --> 00:22:29,160 Alors il se trouve qu'au bout du compte, un certain nombre de 388 00:22:29,360 --> 00:22:34,100 prolongements se retrouvent dans des dispositions que j'ai brièvement 389 00:22:34,300 --> 00:22:36,470 évoquées, qu'on n'aura pas le temps de voir dans le détail, 390 00:22:36,680 --> 00:22:40,100 mais il se trouve que la LOLF a limité la possibilité, 391 00:22:40,300 --> 00:22:43,130 notamment pour l'État, de pratiquer ce que l'on qualifie 392 00:22:43,330 --> 00:22:46,640 toujours de régulation budgétaire, c'est-à-dire notamment d'annulation 393 00:22:46,880 --> 00:22:50,330 en cours d'année de gels de crédits d'un certain nombre de dépenses. 394 00:22:50,530 --> 00:22:54,140 Donc, on avait vu ça en début d'année, le principe, c'est que l'État n'a 395 00:22:54,340 --> 00:22:56,810 pas l'obligation de dépenser les crédits qui lui ont été accordés 396 00:22:57,010 --> 00:22:57,770 par la loi de finances. 397 00:22:57,970 --> 00:22:59,600 Le gouvernement peut décider de dépenser moins en cours d'année, 398 00:22:59,800 --> 00:23:02,350 non obligation de dépenser, mais jusqu'à un certain point seulement 399 00:23:02,550 --> 00:23:06,020 et donc pour éviter une forme d'insincérité consistant à demander 400 00:23:06,220 --> 00:23:07,850 beaucoup d'argent, tout en sachant qu'au bout du compte, 401 00:23:08,050 --> 00:23:11,670 les dépenses ne seront pas engagées, et donc politiquement, 402 00:23:11,870 --> 00:23:14,420 ça peut paraître bien de demander beaucoup d'argent pour faire plaisir 403 00:23:14,690 --> 00:23:20,810 à un certain nombre de personnes 404 00:23:21,010 --> 00:23:22,850 dans l'opinion publique, lorsqu'on sait qu'en fait, 405 00:23:23,050 --> 00:23:24,770 on ne dépensera pas d'argent, pour éviter ce type de pratique, 406 00:23:24,970 --> 00:23:27,650 là encore une fois, la LOLF a limité ces possibilités de réduire les 407 00:23:27,850 --> 00:23:28,610 dépenses en cours d'année. 408 00:23:28,810 --> 00:23:32,300 C'est une manière finalement de renforcer cette exigence de sincérité 409 00:23:32,500 --> 00:23:35,180 donc posée fondamentalement par l'article 32 pour cette question 410 00:23:35,380 --> 00:23:38,360 d'abord de l'évaluation des recettes et des dépenses. 411 00:23:38,790 --> 00:23:40,760 Alors il se trouve que, et je termine là-dessus, 412 00:23:40,960 --> 00:23:43,790 et pardon d'être un peu long, au bout du compte, une des questions 413 00:23:43,990 --> 00:23:46,160 intéressantes qui se pose, c'est celle de la portée de cette 414 00:23:46,360 --> 00:23:47,330 obligation de sincérité. 415 00:23:47,870 --> 00:23:50,420 Il se trouve que s'agissant des collectivités territoriales, 416 00:23:50,620 --> 00:23:54,800 la portée est très très forte et le juge a pu intervenir à de nombreuses 417 00:23:55,000 --> 00:23:55,760 reprises. 418 00:23:55,960 --> 00:24:01,280 En revanche, et cela mérite d'être traité peut-être plus sereinement, 419 00:24:01,910 --> 00:24:03,770 s'agissant de l'État, les choses sont un peu plus complexes, 420 00:24:03,970 --> 00:24:05,180 comme on le verra la prochaine fois.