1 00:00:05,620 --> 00:00:06,380 Bonjour. 2 00:00:07,060 --> 00:00:09,600 Prolongeons l'étude des sources constitutionnelles de la matière 3 00:00:09,800 --> 00:00:13,900 fiscale avec une troisième sous-section consacrée au principe de nécessité. 4 00:00:14,700 --> 00:00:17,740 Alors, à la vérité, cette expression n'existe pas en tant que telle 5 00:00:17,940 --> 00:00:20,620 en droit positif, en tout cas au sein de la jurisprudence 6 00:00:20,820 --> 00:00:23,500 constitutionnelle, mais il me semble que sous cette étiquette finalement 7 00:00:23,700 --> 00:00:27,060 de nécessité, il est possible de rassembler un certain nombre de 8 00:00:27,260 --> 00:00:29,860 principes pour la peine, expressément formulés par le Conseil 9 00:00:30,060 --> 00:00:34,260 constitutionnel, qui tous donc renvoient en réalité à la notion 10 00:00:34,460 --> 00:00:39,220 de nécessité dans ces deux sens, est nécessaire ce qui est indispensable 11 00:00:39,420 --> 00:00:43,020 à la réalisation d'un objectif et est également nécessaire ce 12 00:00:43,220 --> 00:00:44,980 qui est juste proportionné. 13 00:00:45,520 --> 00:00:49,280 Lorsqu'on travaille de manière juste nécessaire pour avoir sa 14 00:00:49,480 --> 00:00:51,440 deuxième année de droit, on travaille de manière juste 15 00:00:51,640 --> 00:00:55,560 proportionnée et il est évidemment nécessaire de travailler, 16 00:00:55,760 --> 00:00:59,020 au sens indispensable de travailler, pour valider son année. 17 00:00:59,600 --> 00:01:03,240 Alors cette double logique en quelque sorte se retrouve dans un certain 18 00:01:03,440 --> 00:01:06,580 nombre, encore une fois, de normes qui s'appliquent en matière 19 00:01:06,780 --> 00:01:10,060 constitutionnelle, sur la base de fondements variables, 20 00:01:10,260 --> 00:01:13,760 mais on va le voir, c'est principalement l'article 16 de 21 00:01:13,960 --> 00:01:17,840 la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen qui vient porter 22 00:01:18,040 --> 00:01:21,740 un certain nombre de ces règles plus précises que je vais vous 23 00:01:21,940 --> 00:01:22,760 présenter dans un instant. 24 00:01:23,320 --> 00:01:28,860 Toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, 25 00:01:29,060 --> 00:01:32,040 ni la séparation des pouvoirs déterminée n'a point de Constitution, 26 00:01:32,380 --> 00:01:36,420 donc principe de séparation des pouvoirs, principe assez flou de 27 00:01:36,620 --> 00:01:40,800 garantie des droits posé par l'article 16, c'est cette ressource finalement 28 00:01:41,000 --> 00:01:44,380 que propose la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen 29 00:01:44,580 --> 00:01:47,960 dans laquelle va puiser le Conseil constitutionnel pour tirer un certain 30 00:01:48,160 --> 00:01:51,200 nombre de conséquences pratiques, comme on va le voir donc dans un 31 00:01:51,400 --> 00:01:56,420 instant, sur en réalité quatre terrains successifs, d'abord la 32 00:01:56,620 --> 00:01:59,960 question de la rétroactivité de la loi fiscale, ensuite la question 33 00:02:00,160 --> 00:02:02,380 des sanctions fiscales, ce sera très bref, car nous y 34 00:02:02,580 --> 00:02:07,600 reviendrons ultérieurement, la question des règles de contrôle, 35 00:02:07,800 --> 00:02:10,480 des procédures de contrôle de la matière fiscale, et enfin quatrième 36 00:02:10,680 --> 00:02:13,660 point, la question de la complexité excessive de la loi fiscale. 37 00:02:13,920 --> 00:02:16,500 Donc commençons, paragraphe premier, c'est le point je crois le plus 38 00:02:16,700 --> 00:02:20,340 intéressant et le plus important, par les limites à la rétroactivité 39 00:02:20,540 --> 00:02:22,080 de la loi fiscale. 40 00:02:22,620 --> 00:02:25,340 Alors comme vous le savez, l'article 2 du Code civil pose 41 00:02:25,540 --> 00:02:29,760 un principe selon lequel la loi ne peut rétroagir, elle ne dispose 42 00:02:29,960 --> 00:02:33,080 que pour l'avenir, elle n'a point d'effet rétroactif, voilà ce qu'énonce 43 00:02:33,280 --> 00:02:36,480 depuis 1804 le Code civil, et en même temps le Code civil 44 00:02:36,680 --> 00:02:39,880 n'a qu'une valeur législative, de sorte que, a priori, 45 00:02:40,080 --> 00:02:46,200 ce que le législateur a indiqué en 1804, il peut décider de l'amender, 46 00:02:46,400 --> 00:02:50,100 de revenir dessus à tout moment, à la faveur donc d'une loi qui 47 00:02:50,300 --> 00:02:53,240 viendrait contredire finalement cette prescription de 48 00:02:53,440 --> 00:02:54,200 non-rétroactivité. 49 00:02:54,400 --> 00:02:56,760 Effectivement, le Conseil constitutionnel a eu de multiples 50 00:02:56,960 --> 00:03:01,800 occasions de considérer que par principe, la rétroactivité n'était 51 00:03:02,000 --> 00:03:04,840 pas contraire à la Constitution, même si, et c'est ce qu'on va préciser 52 00:03:05,040 --> 00:03:09,280 dans un instant, un certain nombre de conditions sont posées par le 53 00:03:09,480 --> 00:03:12,760 Conseil constitutionnel pour justement considérer que les interventions 54 00:03:12,960 --> 00:03:16,080 rétroactives sont conformes à la Constitution, mais avant de voir 55 00:03:16,280 --> 00:03:20,640 ces conditions, précisons qu'en matière fiscale, il est assez fréquent 56 00:03:20,840 --> 00:03:25,920 que le législateur agisse de manière rétroactive, c'est-à-dire donc 57 00:03:26,120 --> 00:03:32,380 vienne attacher finalement à des situations passées des effets de droit, 58 00:03:32,960 --> 00:03:36,660 alors même évidemment qu'au moment où s'est produit la situation, 59 00:03:37,160 --> 00:03:40,900 la règle n'existait pas encore, et donc il y a évidemment cette 60 00:03:41,100 --> 00:03:43,680 application évidemment très contre-intuitive d'une règle à 61 00:03:43,880 --> 00:03:48,560 une situation qui par définition ne pouvait pas encore une fois 62 00:03:48,760 --> 00:03:50,860 connaître l'existence de la règle au moment où elle s'est produite, 63 00:03:51,060 --> 00:03:53,040 en tout cas la personne qui est à l'origine de la situation ne 64 00:03:53,240 --> 00:03:55,140 pouvait pas connaître la règle qui n'existait pas encore. 65 00:03:55,640 --> 00:04:00,460 Alors avant de voir les cas concrets et les règles qui entourent la 66 00:04:00,660 --> 00:04:03,060 manière de régir finalement ces situations de rétroactivité, 67 00:04:03,900 --> 00:04:06,540 distinguons deux terrains, d'abord ce qu'on va qualifier de 68 00:04:06,740 --> 00:04:09,660 rétroactivité de fait, c'est-à-dire des situations où 69 00:04:09,860 --> 00:04:14,740 justement le texte juridique ne va pas véritablement agir pour le passé, 70 00:04:15,500 --> 00:04:18,000 mais un peu tout de même, comme on va le voir dans un instant, 71 00:04:18,240 --> 00:04:22,280 avant d'envisager les règles qui entourent finalement les cas de 72 00:04:22,480 --> 00:04:25,660 rétroactivité de droit, donc les cas clairement rétroactifs 73 00:04:25,860 --> 00:04:26,620 si l'on peut dire. 74 00:04:27,380 --> 00:04:31,300 Commençons donc, A, par la rétroactivité de fait. 75 00:04:32,520 --> 00:04:35,180 Alors deux situations concrètes, deux séries de situations, 76 00:04:35,520 --> 00:04:37,480 doivent être envisagées à ce titre. 77 00:04:37,680 --> 00:04:42,860 D'une part, une situation assez fréquente en réalité, 78 00:04:43,460 --> 00:04:47,560 même si depuis quelques années le législateur s'efforce de ne 79 00:04:47,760 --> 00:04:51,320 pas multiplier ce type de cas, ce sont les cas d'intervention 80 00:04:51,520 --> 00:04:57,400 d'un texte de loi en matière fiscale qui viennent de fait rétroagir, 81 00:04:57,600 --> 00:05:02,680 de fait et pas de droit, car juridiquement ces textes vont 82 00:05:02,880 --> 00:05:08,700 agir pour le futur du point de vue du fait générateur de l'impôt. 83 00:05:08,940 --> 00:05:11,280 Ce que je viens de dire n'a rien de clair, je le conçois fort bien, 84 00:05:11,480 --> 00:05:12,540 je l'explique. 85 00:05:12,860 --> 00:05:15,740 Prenons l'impôt sur le revenu comme nous l'avons déjà envisagé, 86 00:05:15,980 --> 00:05:18,940 l'impôt sur le revenu comme l'impôt sur les sociétés pour la majorité 87 00:05:19,140 --> 00:05:22,700 des sociétés, a pour fait générateur le 31 décembre de l'année. 88 00:05:22,900 --> 00:05:26,200 L'idée donc, comme on l'a déjà vu, c'est que c'est au 31 décembre 89 00:05:26,400 --> 00:05:30,460 de l'année que le particulier, par exemple, apprend l'état des 90 00:05:30,660 --> 00:05:34,500 règles applicables pour l'imposition de ses revenus de l'année écoulée. 91 00:05:35,100 --> 00:05:38,460 Et c'est là que le sujet de la rétroactivité de fait pointe le 92 00:05:38,660 --> 00:05:42,560 bout de son nez, si je puis dire, puisque concrètement jusqu'au 31 93 00:05:42,760 --> 00:05:46,840 décembre de l'année en cours, je vais supposer que les règles 94 00:05:47,040 --> 00:05:50,420 qui sont en vigueur dans le Code général des impôts trouveront à 95 00:05:50,620 --> 00:05:53,020 s'appliquer jusqu'à la fin de l'année sans doute au-delà. 96 00:05:53,420 --> 00:05:56,940 Et par exemple, je vais pouvoir embaucher du personnel à domicile 97 00:05:57,140 --> 00:06:01,320 pour faire faire les devoirs aux enfants pour repasser mes chemises, 98 00:06:02,460 --> 00:06:06,740 et ce en pensant que je vais pouvoir à la fin de l'année donc bénéficier 99 00:06:06,940 --> 00:06:12,640 de l'avantage fiscal qui est offert au moment donc où je réalise mon 100 00:06:12,840 --> 00:06:15,000 investissement en quelque sorte, c'est-à-dire au moment où je paye 101 00:06:15,200 --> 00:06:17,920 mon employé, je pense pouvoir bénéficier à la fin de l'année 102 00:06:18,120 --> 00:06:18,880 du cadeau fiscal. 103 00:06:19,080 --> 00:06:22,220 Et imaginons qu'en fin d'année, au moment du débat sur le budget 104 00:06:22,420 --> 00:06:25,100 de l'année suivante, le législateur décide que finalement, 105 00:06:25,300 --> 00:06:30,760 cet avantage est tout à fait superflu et tout à fait néfaste et qu'il 106 00:06:30,960 --> 00:06:35,460 décide de supprimer cet avantage pour le futur, pour l'avenir. 107 00:06:36,100 --> 00:06:40,700 Au bout du compte, la loi de finances interviendra peut-être le 28 décembre 108 00:06:40,900 --> 00:06:44,300 de l'année, donc trois jours avant le fait générateur de l'impôt sur 109 00:06:44,500 --> 00:06:48,700 le revenu, de sorte que j'apprendrai le 28 décembre au soir que je ne 110 00:06:48,900 --> 00:06:52,120 bénéficierai plus au titre, encore une fois, des dépenses que 111 00:06:52,320 --> 00:06:55,120 j'ai engagées tout au long de l'année considérée, je ne bénéficierai 112 00:06:55,320 --> 00:06:56,080 plus de ce cadeau fiscal. 113 00:06:56,280 --> 00:07:01,420 Et donc il y a une forme de remise en cause d'une certaine parole, 114 00:07:01,620 --> 00:07:04,960 en tout cas en laquelle j'avais pu croire en tant que contribuable, 115 00:07:06,120 --> 00:07:09,260 l'impression que j'avais pu avoir que vraisemblablement, les avantages 116 00:07:09,460 --> 00:07:12,160 proposés pour garder mon exemple seraient pérennisés, 117 00:07:12,720 --> 00:07:13,900 en tout cas ne seraient pas mis en cause. 118 00:07:14,720 --> 00:07:18,620 Et donc du fait encore une fois, de ce fait générateur situé au 119 00:07:18,820 --> 00:07:23,260 31 décembre, cette intervention du 28 décembre pour l'avenir, 120 00:07:23,720 --> 00:07:26,900 ne rétroagira pas sur le plan strictement juridique, 121 00:07:28,040 --> 00:07:32,440 mais sera considérée comme une forme de rétrospectivité, c'est 122 00:07:32,640 --> 00:07:35,280 l'expression souvent employée en doctrine, on parle souvent de la 123 00:07:35,480 --> 00:07:37,640 rétrospectivité de la loi de finances de ce point de vue là, 124 00:07:37,840 --> 00:07:42,240 puisqu'elle va agir sur des situations qui sont passées puisqu'elle concerne 125 00:07:42,440 --> 00:07:44,680 l'année écoulée, en tout cas s'agissant de l'impôt sur le revenu, 126 00:07:44,980 --> 00:07:47,300 ou petite rétroactivité, c'est la deuxième expression qui 127 00:07:47,500 --> 00:07:49,500 est parfois employée pour désigner ce type de situation, 128 00:07:49,700 --> 00:07:52,580 mais qui je le répète d'un point de vue juridique, a priori ne soulève 129 00:07:52,780 --> 00:07:56,840 pas de difficultés particulières, c'est une manière d'agir pour l'avenir 130 00:07:57,040 --> 00:07:58,520 techniquement encore une fois sur le plan fiscal. 131 00:07:58,720 --> 00:08:02,520 Même si dans certaines situations, et en fait on va passer au deuxième 132 00:08:02,720 --> 00:08:05,400 exemple, puisque c'est un cas un petit peu particulier vous allez 133 00:08:05,600 --> 00:08:09,920 le comprendre, dans certaines situations, cette rétrospectivité 134 00:08:10,120 --> 00:08:14,000 va pouvoir poser une difficulté, en tout cas c'est ce que le Conseil 135 00:08:14,200 --> 00:08:16,740 constitutionnel considère depuis le 19 décembre 2013, 136 00:08:16,940 --> 00:08:20,940 donc c'est relativement récent, jusqu'à cette décision que je vais 137 00:08:21,140 --> 00:08:23,020 préciser dans un instant, qui portait sur la loi de financement 138 00:08:23,220 --> 00:08:26,060 de la Sécurité sociale pour 2014, jusqu'à cette décision, 139 00:08:26,260 --> 00:08:30,380 le Conseil constitutionnel considérait que par principe, aucune de ces 140 00:08:30,580 --> 00:08:34,060 interventions, disons rétrospectives du Parlement, ne posait le moindre 141 00:08:34,260 --> 00:08:35,020 problème. 142 00:08:35,220 --> 00:08:38,460 Mais, et en réalité à la suite de la jurisprudence du Conseil d'État, 143 00:08:38,660 --> 00:08:41,440 que nous étudierons un petit peu plus tard, relative à l'application 144 00:08:41,640 --> 00:08:44,960 de la Convention européenne des droits de l'homme, et en fait à 145 00:08:45,160 --> 00:08:47,920 la suite d'une décision de mai 2012 du Conseil d'État, 146 00:08:48,720 --> 00:08:51,140 que nous verrons donc avec les sources européennes du droit fiscal 147 00:08:51,340 --> 00:08:53,860 un petit peu plus tard donc, le Conseil constitutionnel, 148 00:08:54,120 --> 00:08:56,500 environ un an après la décision du Conseil d'État, donc je le disais 149 00:08:56,700 --> 00:09:00,660 le 19 décembre 2013, a pris en compte une nouvelle situation 150 00:09:00,860 --> 00:09:03,880 qui jusqu'à présent donc, était estimée comme parfaitement 151 00:09:04,080 --> 00:09:07,460 conforme à la Constitution par hypothèse, c'est le cas dans lequel 152 00:09:07,660 --> 00:09:11,760 le législateur agit, alors certes techniquement pour 153 00:09:11,960 --> 00:09:16,600 l'avenir, mais au mépris d'un certain nombre de "promesses", 154 00:09:16,800 --> 00:09:18,440 je mets des guillemets, car l'expression n'est pas employée 155 00:09:18,640 --> 00:09:22,860 par le Conseil, de promesses faites aux contribuables, où, 156 00:09:23,060 --> 00:09:25,040 et c'est l'expression qu'emploie le Conseil constitutionnel, 157 00:09:25,620 --> 00:09:31,080 d'attente, et ajoute le Conseil, d'attente légitime, que le contribuable 158 00:09:31,280 --> 00:09:37,200 a pu se faire, a pu forger, à la lecture du droit positif tel 159 00:09:37,400 --> 00:09:41,220 qu'il existait, jusqu'au moment évidemment de l'intervention litigieuse 160 00:09:41,420 --> 00:09:42,180 du législateur. 161 00:09:42,640 --> 00:09:48,200 Concrètement, la décision de 2013 porte sur une série de réformes, 162 00:09:49,040 --> 00:09:54,060 promues à l'époque par le gouvernement, sous la présidence de François 163 00:09:54,260 --> 00:09:57,520 Hollande, qui consistait à venir limiter un certain nombre d'avantages 164 00:09:57,720 --> 00:10:00,100 fiscaux, attachés à des contrats d'assurance vie. 165 00:10:00,820 --> 00:10:04,620 Et l'idée que je simplifie un petit peu, était que pour ce type de contrat, 166 00:10:04,820 --> 00:10:08,040 une fiscalité, c'est toujours le cas aujourd'hui, extrêmement allégée, 167 00:10:08,260 --> 00:10:11,220 attachée notamment aux revenus tirés de cette épargne, 168 00:10:11,480 --> 00:10:15,260 est proposée par la législation fiscale, mais qu'en l'occurrence, 169 00:10:16,440 --> 00:10:21,560 cet avantage fiscal trouve concrètement à être réalisé à la fin du contrat 170 00:10:21,760 --> 00:10:23,740 d'assurance vie, lorsque la personne, par exemple, c'est le cas le plus 171 00:10:23,940 --> 00:10:28,470 fréquent, récupère le capital attaché à l'assurance vie, et donc les revenus, 172 00:10:28,670 --> 00:10:30,940 c'est-à-dire les intérêts concrètement générés par ce capital, 173 00:10:31,140 --> 00:10:35,860 avec donc un niveau de fiscalisation de ces intérêts moindre que ceux 174 00:10:36,060 --> 00:10:37,140 attachés aux autres revenus. 175 00:10:38,100 --> 00:10:43,400 Or, à la fin de l'année 2013, le Conseil constitutionnel a été 176 00:10:43,600 --> 00:10:48,360 saisi de ce texte, qui prévoyait finalement d'augmenter la fiscalité 177 00:10:48,560 --> 00:10:54,600 sur ces revenus tirés de contrats d'assurance vie, et ce pour l'avenir, 178 00:10:54,800 --> 00:10:57,840 c'est-à-dire en réalité pour les contrats arrivant à leur terme 179 00:10:58,040 --> 00:11:01,580 après la date d'entrée en vigueur de la loi, donc après le 19-20 180 00:11:01,780 --> 00:11:03,580 décembre 2013. 181 00:11:04,240 --> 00:11:07,280 Sauf que, vous l'imaginez, les contrats en question avaient 182 00:11:07,480 --> 00:11:10,660 été souscrits des années auparavant, 10, 20, parfois 30 ans auparavant, 183 00:11:11,060 --> 00:11:13,340 et donc concrètement, une personne avait pu souscrire 184 00:11:13,540 --> 00:11:19,560 un contrat d'assurance vie dans les années 80, en pensant bénéficier 185 00:11:19,760 --> 00:11:22,640 d'un régime fiscal favorable, c'est ce qui l'avait motivée donc 186 00:11:22,840 --> 00:11:27,340 pour souscrire ledit contrat, finalement répondant à l'incitation 187 00:11:27,540 --> 00:11:29,980 du législateur de se diriger vers ce produit d'épargne, 188 00:11:30,240 --> 00:11:33,740 et cette personne peut apprendre donc, quelques jours, quelques semaines, 189 00:11:34,000 --> 00:11:36,620 quelques mois peut-être, avant le terme de ce contrat de 190 00:11:36,820 --> 00:11:38,560 longue durée, que finalement, il ne sera pas traité comme il 191 00:11:38,760 --> 00:11:41,660 l'espérait, comme il l'avait espéré pendant 10, 20, 30 ans. 192 00:11:42,100 --> 00:11:45,260 Face à cette situation qui, je le répète, ne soulève pas de 193 00:11:45,460 --> 00:11:48,560 point de rétroactivité au sens juridique, mais tout de même, 194 00:11:48,760 --> 00:11:51,660 quelque chose comme une atteinte à la parole donnée par le législateur, 195 00:11:52,040 --> 00:11:57,520 le Conseil constitutionnel donc, a estimé que, à l'image de ce que 196 00:11:57,720 --> 00:12:01,640 le Conseil d'État avait dit quelques mois plus tôt, dans la mesure où, 197 00:12:01,840 --> 00:12:06,860 en l'occurrence, une attente légitime a pu naître d'une sorte de promesse 198 00:12:07,060 --> 00:12:10,500 du législateur, tenant sur deux points concrets, un, 199 00:12:10,700 --> 00:12:14,040 promesse d'un avantage fiscal particulier, donc concrètement, 200 00:12:14,760 --> 00:12:19,540 nous ne parlons ici que des niches fiscales, que des avantages accordés 201 00:12:19,740 --> 00:12:22,960 aux contribuables en l'échange d'un comportement jugé vertueux 202 00:12:23,160 --> 00:12:25,440 par le législateur, le fait de souscrire ce type de produit d'épargne 203 00:12:25,640 --> 00:12:29,800 par exemple, et deuxième condition, lorsque cette niche fiscale a été 204 00:12:30,000 --> 00:12:31,940 créée par le législateur, avec une durée de vie limitée, 205 00:12:32,140 --> 00:12:34,960 c'est-à-dire que dès l'origine, il est clairement dit par la loi 206 00:12:35,360 --> 00:12:39,620 que l'avantage sera attaché, donc, à la sortie d'un contrat 207 00:12:39,820 --> 00:12:42,640 de x années, ou pour une durée de x années. 208 00:12:43,020 --> 00:12:46,240 Donc, à ces deux conditions, car semble-t-il, ce sont ces conditions 209 00:12:46,440 --> 00:12:49,420 que continue d'exiger le Conseil constitutionnel pour appliquer 210 00:12:49,620 --> 00:12:53,140 sa nouvelle jurisprudence, donc, si le législateur revient 211 00:12:53,340 --> 00:12:59,600 en arrière, en supprimant en quelque sorte, en limitant l'avantage fiscal 212 00:12:59,800 --> 00:13:03,380 attaché donc à une niche qui avait une durée limitée, et ce donc avant 213 00:13:03,580 --> 00:13:07,300 le terme initialement prévu, le Conseil pourra juger, 214 00:13:07,500 --> 00:13:09,860 alors pas systématiquement, mais pourra juger, qu'il y ait 215 00:13:10,060 --> 00:13:14,280 là une atteinte injustifiée, le cas échéant, à une attente légitime 216 00:13:14,480 --> 00:13:15,240 du contribuable. 217 00:13:15,440 --> 00:13:18,320 Alors, c'est le dernier point, encore une fois, cela ne signifie 218 00:13:18,520 --> 00:13:21,940 pas que le législateur ne peut en aucun cas revenir sur un avantage 219 00:13:22,560 --> 00:13:25,620 à durée limitée lorsqu'il a été établi par le passé. 220 00:13:26,760 --> 00:13:29,280 Il reste toujours possible au législateur d'amener des éléments 221 00:13:29,480 --> 00:13:30,580 de justification. 222 00:13:31,200 --> 00:13:33,860 Ce sont des justifications d'intérêt général. 223 00:13:34,060 --> 00:13:37,360 Le Conseil constitutionnel emploie les expressions de motifs impérieux 224 00:13:37,560 --> 00:13:40,280 d'intérêt général ou de motifs d'intérêt général suffisants. 225 00:13:40,580 --> 00:13:42,760 C'est l'expression plus traditionnelle, disons. 226 00:13:43,320 --> 00:13:45,480 Dans les deux cas, il s'agit d'à peu près la même chose. 227 00:13:45,680 --> 00:13:49,600 Concrètement donc, par exemple, le législateur pourrait justifier 228 00:13:49,800 --> 00:13:52,640 de revenir en arrière finalement, de reprendre la parole qu'il a 229 00:13:52,840 --> 00:13:58,300 pu donner du fait, par exemple, de comportements qu'il juge 230 00:13:58,500 --> 00:14:02,200 problématiques de la part de certains contribuables, des effets "d'aubaine", 231 00:14:02,400 --> 00:14:06,520 entre guillemets, qui seraient constatés par exemple et finalement 232 00:14:06,720 --> 00:14:09,260 qui rendraient le dispositif sans intérêt du point de vue de l'intérêt 233 00:14:09,460 --> 00:14:10,220 général. 234 00:14:10,420 --> 00:14:12,400 Donc il est possible pour le législateur encore une fois de 235 00:14:12,600 --> 00:14:14,440 justifier ce retour en arrière. 236 00:14:14,780 --> 00:14:18,300 Mais, et je termine sur ce point, en l'occurrence en 2013, 237 00:14:18,760 --> 00:14:22,580 le Parlement s'était contenté en gros de dire qu'il souhaitait revenir 238 00:14:22,780 --> 00:14:25,020 sur un avantage fiscal tout simplement pour faire rentrer un peu plus 239 00:14:25,220 --> 00:14:26,060 d'argent dans les caisses de l'État. 240 00:14:26,260 --> 00:14:29,800 C'est donc un motif financier, un motif essentiellement financier. 241 00:14:30,000 --> 00:14:33,560 Or, comme nous l'avons déjà brièvement évoqué, je crois, et on y reviendra 242 00:14:33,760 --> 00:14:36,700 quoi qu'il en soit en revenant sur les aspects européens de la 243 00:14:36,900 --> 00:14:40,540 question, par principe, le Conseil constitutionnel à l'image 244 00:14:40,740 --> 00:14:42,460 et à l'imitation en réalité de la Cour européenne des droits de 245 00:14:42,660 --> 00:14:47,000 l'homme, chacun évidemment sur son terrain, considère que, 246 00:14:47,200 --> 00:14:52,380 par principe, une atteinte à la Constitution ne peut pas être justifiée 247 00:14:52,580 --> 00:14:53,980 simplement par des motifs financiers. 248 00:14:54,180 --> 00:14:57,920 Ce motif est un motif d'intérêt général qui peut justifier avec 249 00:14:58,120 --> 00:15:01,560 d'autres de porter atteinte à d'autres principes comme les principes donc 250 00:15:01,760 --> 00:15:05,080 tirés de l'article 16 en matière notamment de rétroactivité comme 251 00:15:05,280 --> 00:15:10,040 on le verra dans un instant, mais seul un motif d'intérêt général 252 00:15:10,600 --> 00:15:13,740 attaché à des considérations financières, seul ce motif ne suffit 253 00:15:13,940 --> 00:15:16,720 pas par principe encore une fois à justifier une telle intervention. 254 00:15:16,920 --> 00:15:21,080 Donc concrètement, dans cette décision du 19 décembre 2013, 255 00:15:21,280 --> 00:15:24,440 le Conseil constitutionnel pour la première fois vient juger contraire 256 00:15:24,640 --> 00:15:26,780 à la Constitution et donc principalement à la garantie des 257 00:15:26,980 --> 00:15:30,540 droits de l'article 16, une intervention "rétrospective" 258 00:15:31,240 --> 00:15:34,200 entre guillemets de petite rétroactivité, de rétroactivité 259 00:15:34,400 --> 00:15:38,840 de fait du législateur dans la mesure encore une fois où une attente 260 00:15:39,040 --> 00:15:41,400 légitime avait été violée. 261 00:15:42,760 --> 00:15:45,720 Sauf ce cas, qui donc reste assez restreint, même s'il y a quelque 262 00:15:45,920 --> 00:15:49,500 chose d' assez révolutionnaire et j'y insiste, on y reviendra 263 00:15:49,700 --> 00:15:51,400 en envisageant la Convention européenne des droits de l'homme, 264 00:15:51,600 --> 00:15:54,180 car c'est la vraie source intellectuelle en tout cas de ce 265 00:15:54,380 --> 00:15:57,300 nouveau principe, au-delà de ça, je le disais, le Conseil 266 00:15:57,500 --> 00:16:01,960 constitutionnel n'a pas de difficulté particulière avec la rétroactivité 267 00:16:02,160 --> 00:16:04,560 de fait, en revanche, et de plus longue date, 268 00:16:04,760 --> 00:16:07,140 il contrôle les situations de rétroactivité de droit, 269 00:16:07,360 --> 00:16:08,860 voyons cela dans un B. 270 00:16:09,060 --> 00:16:16,000 Alors, s'agissant de la rétroactivité de droit, deux cas principaux concrets 271 00:16:16,200 --> 00:16:18,840 se présentent assez fréquemment au Conseil constitutionnel. 272 00:16:19,240 --> 00:16:22,980 D'abord, des interventions du législateur, c'est ça qui se retrouve 273 00:16:23,180 --> 00:16:25,620 dans le Conseil constitutionnel, motivés par le souci justement 274 00:16:25,820 --> 00:16:29,700 de lutter contre une sorte d'effet d'aubaine, ou d'effet d'aubaine 275 00:16:29,900 --> 00:16:33,940 potentiel lié en particulier au fait qu'il y a toujours un délai 276 00:16:34,140 --> 00:16:37,320 entre le moment où un projet ou une proposition de loi est annoncé, 277 00:16:37,520 --> 00:16:41,300 médiatisé, et le moment où ce projet ou cette proposition est adopté 278 00:16:41,500 --> 00:16:43,820 et donc donne lieu à l'entrée en vigueur d'une loi véritable. 279 00:16:44,720 --> 00:16:48,280 Prenons simplement un exemple concret, en 2011 par exemple, 280 00:16:49,280 --> 00:16:53,840 le législateur, c'était le 26 juillet, a adopté un nouveau dispositif 281 00:16:54,040 --> 00:16:57,920 dit d'exit taxe, de taxe à la sortie, qui concrètement, et qui est toujours 282 00:16:58,120 --> 00:17:00,720 en vigueur même s'il a été modifié à plusieurs reprises, 283 00:17:01,040 --> 00:17:04,800 qui en gros conduit à taxer les contribuables français qui quittent 284 00:17:05,000 --> 00:17:07,740 le territoire français avec un portefeuille d'actions, 285 00:17:08,700 --> 00:17:12,940 et ce afin finalement de vendre leurs titres une fois la frontière 286 00:17:13,140 --> 00:17:17,460 passée et une fois leur installation dans un État où le niveau de fiscalité 287 00:17:17,660 --> 00:17:18,960 sur les titres en question est moindre. 288 00:17:19,160 --> 00:17:21,540 Donc l'idée concrètement, c'est de dissuader les gens de 289 00:17:21,740 --> 00:17:24,620 quitter le territoire lorsqu'ils ont par exemple une entreprise 290 00:17:24,820 --> 00:17:27,500 dont ils sont actionnaires, et ce donc pour se séparer de 291 00:17:27,700 --> 00:17:29,760 l'entreprise et de réaliser leur plus-value à l'étranger. 292 00:17:30,060 --> 00:17:32,680 Dans ce type de situation, la plus-value latente, 293 00:17:32,880 --> 00:17:36,320 c'est l'expression, sera taxée au moment du passage de frontière, 294 00:17:36,520 --> 00:17:38,080 c'est-à-dire concrètement, alors même que vous n'avez pas 295 00:17:38,280 --> 00:17:40,920 vendu vos actions, la valeur de ces actions sera prise en compte 296 00:17:41,120 --> 00:17:44,840 et la plus-value latente, celle que vous réaliseriez si vous 297 00:17:45,040 --> 00:17:47,460 vendiez effectivement vos actions le jour du passage de frontière, 298 00:17:48,100 --> 00:17:51,540 cette plus-value latente sera prise en compte et, avec certaines conditions 299 00:17:51,740 --> 00:17:53,800 et je ne rentre pas dans les détails, pourra être taxée. 300 00:17:54,260 --> 00:17:58,160 Donc ce dispositif évidemment vise à dissuader, je le répète, 301 00:17:59,260 --> 00:18:03,040 de quitter le territoire français juste dans la perspective de vendre 302 00:18:03,240 --> 00:18:06,780 un portefeuille boursier et de bénéficier d'un avantage fiscal 303 00:18:06,980 --> 00:18:09,340 à la suite donc du passage de frontière. 304 00:18:10,000 --> 00:18:16,860 Il se trouve que le Conseil constitutionnel va scruter ce type 305 00:18:17,060 --> 00:18:22,240 d'intervention et surtout parce que dans la plupart des cas, 306 00:18:22,440 --> 00:18:27,120 le législateur ne sera pas idiot, se dira, il y a un risque qui est 307 00:18:27,320 --> 00:18:30,760 celui qu'entre le moment où la mesure est annoncée, 308 00:18:30,960 --> 00:18:35,220 où le gouvernement par exemple dépose son projet de loi qui intègre 309 00:18:35,420 --> 00:18:39,400 donc le mécanisme, comme c'était le cas de mémoire en mars 2011, 310 00:18:39,920 --> 00:18:44,280 pour le dispositif que je viens de présenter, donc entre le moment 311 00:18:44,480 --> 00:18:48,300 de l'annonce du dispositif et les quelques mois que prennent ensuite 312 00:18:48,500 --> 00:18:51,420 le débat au Parlement et l'adoption du dispositif, le risque, 313 00:18:51,620 --> 00:18:55,040 c'est que des contribuables se précipitent pour quitter le territoire 314 00:18:55,240 --> 00:18:56,980 par exemple, avant l'entrée en vigueur de la mesure, 315 00:18:57,340 --> 00:18:59,500 pour le cas que je citais à l'instant. 316 00:18:59,920 --> 00:19:03,800 Et donc dans ce type de configuration, le législateur prendra toujours 317 00:19:04,000 --> 00:19:07,820 le soin de faire entrer de manière rétroactive, et avec une rétroactivité 318 00:19:08,020 --> 00:19:11,160 de droit pour la peine, son dispositif et c'est le cas 319 00:19:11,360 --> 00:19:15,440 du dispositif que je viens de citer, c'est donc effectivement le 3 mars 320 00:19:15,640 --> 00:19:18,520 2011 qu'avait été annoncé par le gouvernement ce projet, 321 00:19:19,240 --> 00:19:23,160 lorsque le 29 juillet 2011, la loi de finances rectificative 322 00:19:23,360 --> 00:19:26,820 qui instaurait ce dispositif est entrée en vigueur, l'article concerné 323 00:19:27,020 --> 00:19:30,740 venait prévoir que cet article entrerait en vigueur rétroactivement 324 00:19:30,940 --> 00:19:34,780 dès le 3 mars 2011, donc dès en fait le jour d'annonce du mécanisme 325 00:19:34,980 --> 00:19:42,240 pour en quelque sorte venir finalement anéantir le risque d'effet d'aubaine, 326 00:19:42,880 --> 00:19:46,520 lié donc finalement encore une fois à cette prise en compte de 327 00:19:46,720 --> 00:19:49,620 l'annonce par le gouvernement du dispositif. 328 00:19:49,920 --> 00:19:53,680 Donc voilà, premier cas de figure assez fréquent d'entrée en vigueur 329 00:19:53,880 --> 00:19:56,960 rétroactive de dispositifs fiscaux, j'ajouterai que dans un certain 330 00:19:57,160 --> 00:20:03,040 nombre de cas, c'est une entrée en vigueur rétroactive de dispositifs 331 00:20:03,240 --> 00:20:07,420 plutôt bénéfiques aux contribuables, l'annonce par exemple d'une 332 00:20:07,620 --> 00:20:12,360 sous-imposition d'un certain nombre de plus-values, je pense par exemple 333 00:20:12,560 --> 00:20:19,140 en 2014 si ma mémoire est bonne à une baisse de la fiscalité sur 334 00:20:19,340 --> 00:20:21,440 les plus-values de cession des terrains à construire, 335 00:20:22,680 --> 00:20:25,640 dès l'été, le gouvernement avait annoncé cette mesure favorable 336 00:20:25,840 --> 00:20:28,420 et pour encourager tout de suite les contribuables à céder leurs 337 00:20:28,620 --> 00:20:30,500 terrains en fait pour favoriser la construction de nouveaux logements, 338 00:20:30,860 --> 00:20:34,680 le gouvernement avait annoncé que la disposition qui rentrerait en 339 00:20:34,880 --> 00:20:37,760 vigueur, enfin qui serait adoptée un peu plus tard, entrerait en 340 00:20:37,960 --> 00:20:40,880 vigueur de manière rétroactive pour justement bénéficier dès le 341 00:20:41,080 --> 00:20:43,460 jour de l'annonce aux contribuables. 342 00:20:43,720 --> 00:20:45,760 Premier cas de figure, le deuxième cas de figure est un 343 00:20:45,960 --> 00:20:48,700 peu plus problématique à certains égards, c'est le cas dit des lois 344 00:20:48,900 --> 00:20:49,660 de validation. 345 00:20:49,860 --> 00:20:52,280 Alors, les lois de validation, vous en avez sans doute déjà rencontré, 346 00:20:52,480 --> 00:20:55,320 notamment en droit administratif en deuxième année, il s'agit finalement 347 00:20:55,520 --> 00:20:59,700 de textes législatifs qui viennent en quelque sorte légaliser des 348 00:20:59,900 --> 00:21:03,620 actes de l'administration qui pourraient apparaître illégaux, 349 00:21:03,820 --> 00:21:06,800 ou qui ont été jugés pour certains d'entre eux illégaux, 350 00:21:07,000 --> 00:21:10,860 et qui pour d'autres, équivalents, et donc sur lesquels 351 00:21:11,060 --> 00:21:14,200 pèse le même risque de constat d'illégalité, le même risque parfois 352 00:21:14,400 --> 00:21:17,480 d'annulation par le juge, ces actes vont être en quelque 353 00:21:17,680 --> 00:21:20,920 sorte légalisés a posteriori, c'est-à-dire que le législateur 354 00:21:21,120 --> 00:21:24,780 va venir considérer après coup que les actes qui la veille étaient 355 00:21:24,980 --> 00:21:28,320 sans doute illégaux, ne le sont plus de la parole du 356 00:21:28,520 --> 00:21:31,980 législateur, encore une fois, du fait donc de cette validation 357 00:21:32,180 --> 00:21:33,520 que le législateur va produire. 358 00:21:33,800 --> 00:21:38,500 Alors il se trouve que les cas sont assez nombreux en matière fiscale, 359 00:21:39,340 --> 00:21:41,520 alors c'est difficile, certaines statistiques ont été 360 00:21:41,720 --> 00:21:44,760 produites sur des années passées qui avaient identifié parfois des 361 00:21:44,960 --> 00:21:47,920 dizaines de cas sur certaines années, alors les cas sont peut-être un 362 00:21:48,120 --> 00:21:50,220 peu moindres ces dernières années, mais enfin c'est quelque chose, 363 00:21:50,420 --> 00:21:52,900 c'est un mouvement en tout cas assez significatif, et qui trouve 364 00:21:53,100 --> 00:21:58,240 de nombreuses illustrations puisqu'il est en réalité assez fréquent que 365 00:21:58,440 --> 00:22:01,680 la loi fiscale puisse souffrir d'une sorte de malformation, 366 00:22:01,880 --> 00:22:04,800 d'une rédaction hésitante, ou que l'administration ait fait 367 00:22:05,000 --> 00:22:09,640 des interprétations un peu audacieuses d'un certain nombre de textes, 368 00:22:09,940 --> 00:22:13,180 au risque donc de se le voir reprocher à un moment donné, notamment par 369 00:22:13,380 --> 00:22:17,160 le juge fiscal, avec un risque d'imitation du contentieux, 370 00:22:17,360 --> 00:22:22,000 d'extension des cas d'annulation, et donc un risque tout à fait prévenant 371 00:22:22,200 --> 00:22:22,960 pour les finances publiques. 372 00:22:23,160 --> 00:22:26,560 Alors je reviendrai peut-être la prochaine fois à la fois sur une 373 00:22:26,760 --> 00:22:30,500 ou plusieurs illustrations et surtout sur les règles qui pèsent pour 374 00:22:30,700 --> 00:22:33,280 l'élaboration de ce type de dispositif.