1 00:00:05,170 --> 00:00:11,530 Voyons maintenant les actes qui, parce qu’ils relèvent uniquement 2 00:00:11,730 --> 00:00:15,310 du juge judiciaire, ne relèvent pas du juge administratif. 3 00:00:15,510 --> 00:00:16,270 2. 4 00:00:16,470 --> 00:00:19,050 Les contentieux relevant du juge judiciaire. 5 00:00:19,470 --> 00:00:22,590 Il s’agit des actes qui sont pris dans le fonctionnement de l’autorité 6 00:00:22,790 --> 00:00:26,530 judiciaire et des actes qui sont pris dans des matières réservées 7 00:00:26,730 --> 00:00:32,630 par nature à l’autorité judiciaire, selon l’expression du Conseil 8 00:00:32,830 --> 00:00:36,390 constitutionnel dans sa décision Conseil de la concurrence. 9 00:00:36,930 --> 00:00:37,690 a. 10 00:00:37,990 --> 00:00:40,110 Le fonctionnement de l’autorité judiciaire. 11 00:00:40,430 --> 00:00:43,990 Tous les actes qui sont pris dans la procédure judiciaire relèvent 12 00:00:44,190 --> 00:00:45,970 du juge judiciaire lui-même. 13 00:00:46,190 --> 00:00:48,150 Le juge administratif ne peut pas en connaître. 14 00:00:48,670 --> 00:00:54,510 Par exemple, la décision d’un ministre de porter plainte pour fraude fiscale 15 00:00:54,710 --> 00:00:58,650 contre un contribuable devant le tribunal judiciaire relève du 16 00:00:58,850 --> 00:01:03,290 fonctionnement de la justice et ne relève pas du juge administratif. 17 00:01:05,090 --> 00:01:09,410 Cette décision de porter plainte ne peut pas être contestée devant 18 00:01:09,610 --> 00:01:10,390 le juge administratif. 19 00:01:10,590 --> 00:01:13,190 Il y a sur ce point une décision du Tribunal des conflits, 20 00:01:13,830 --> 00:01:14,590 1988, Rey. 21 00:01:16,290 --> 00:01:20,930 De même, j’en ai déjà parlé, les actes de police judiciaire 22 00:01:21,130 --> 00:01:24,550 relèvent du seul juge judiciaire et pas du juge administratif. 23 00:01:25,410 --> 00:01:28,970 Cependant, il y a, parmi tous les actes qui sont pris dans le 24 00:01:29,170 --> 00:01:32,170 fonctionnement de l’autorité judiciaire, des actes d’organisation 25 00:01:32,370 --> 00:01:34,070 du service public de la justice. 26 00:01:35,070 --> 00:01:39,970 Ces actes d’organisation du service public de la justice sont détachables 27 00:01:40,170 --> 00:01:44,190 du fonctionnement de la justice judiciaire et relèvent du juge 28 00:01:44,390 --> 00:01:45,150 administratif. 29 00:01:45,350 --> 00:01:48,890 C’est une décision importante qui a été rendue par le Conseil d’État 30 00:01:49,090 --> 00:01:53,310 le 27 novembre 1952, préfet de la Guyane. 31 00:01:53,510 --> 00:01:59,510 En l’espèce, des huissiers qui exerçaient leur fonction auprès 32 00:01:59,710 --> 00:02:03,910 du tribunal civil de Cayenne avaient contesté le fait que le fonctionnement 33 00:02:04,110 --> 00:02:07,050 du tribunal de Cayenne avait été interrompu. 34 00:02:07,330 --> 00:02:12,270 En l’occurrence, ce litige ne portait pas sur le fonctionnement de l’autorité 35 00:02:12,470 --> 00:02:16,010 judiciaire dans l’exercice de sa fonction même de service public, 36 00:02:16,530 --> 00:02:21,350 mais le litige portait sur l’organisation du service public. 37 00:02:21,550 --> 00:02:25,270 Ça, c’est administratif, et puisque c’est administratif, 38 00:02:25,470 --> 00:02:29,030 cela relève du juge administratif. 39 00:02:29,330 --> 00:02:34,150 Relèvent aussi de l’organisation du service public de la justice, 40 00:02:34,590 --> 00:02:37,710 quelques décisions que je vais citer maintenant : suppression 41 00:02:37,910 --> 00:02:42,050 d’une juridiction, modification du ressort d’une juridiction, 42 00:02:42,350 --> 00:02:46,590 élection des membres du conseil de la magistrature, acte de nomination 43 00:02:46,790 --> 00:02:49,630 d’un juge par le président de la justice, etc. 44 00:02:49,830 --> 00:02:53,470 Tout cela, ce sont des actes qui ont un caractère administratif 45 00:02:53,670 --> 00:02:55,610 parce qu’ils organisent le service public de la justice. 46 00:02:56,670 --> 00:03:00,610 En revanche, relèvent du fonctionnement même du service public, 47 00:03:01,130 --> 00:03:04,690 donc du juge judiciaire, la désignation des experts dans 48 00:03:04,890 --> 00:03:09,790 une affaire, la désignation d’un administrateur judiciaire ou d’un 49 00:03:09,990 --> 00:03:13,310 huissier auprès d’une juridiction, l’attribution d’une aide 50 00:03:13,510 --> 00:03:17,470 juridictionnelle à un justiciable, la composition d’une formation 51 00:03:17,670 --> 00:03:22,110 de jugement au sein d’un tribunal judiciaire, etc. 52 00:03:22,310 --> 00:03:25,190 Tout cela, ce sont des décisions qui relèvent de l’exercice même 53 00:03:25,390 --> 00:03:26,810 de la justice. 54 00:03:30,380 --> 00:03:35,560 b : les matières réservées par nature à l’autorité judiciaire. 55 00:03:36,200 --> 00:03:40,140 Le juge judiciaire dispose d’un champ de compétences naturelles 56 00:03:40,340 --> 00:03:44,100 qui lui a été reconnu par le Conseil constitutionnel, je vous l’ai dit. 57 00:03:44,560 --> 00:03:48,480 Ce champ de compétences concerne la liberté individuelle et le droit 58 00:03:48,680 --> 00:03:49,620 de propriété. 59 00:03:49,840 --> 00:03:51,440 Premièrement, la liberté individuelle. 60 00:03:51,740 --> 00:03:56,580 Cela résulte clairement de l’article 66 de la Constitution. 61 00:03:57,280 --> 00:04:01,760 Nul ne peut être arbitrairement détenu, l’autorité judiciaire, 62 00:04:02,060 --> 00:04:05,540 gardienne de la liberté individuelle, assure le respect de ce principe 63 00:04:05,740 --> 00:04:10,280 dans les conditions prévues par la loi, donc l’autorité judiciaire se prononce 64 00:04:10,480 --> 00:04:12,760 en matière de liberté individuelle. 65 00:04:13,640 --> 00:04:18,380 Cependant, la définition de la liberté individuelle a profondément 66 00:04:18,580 --> 00:04:19,340 évolué. 67 00:04:19,540 --> 00:04:24,520 Pendant un temps, le Conseil constitutionnel entendait l’expression 68 00:04:24,720 --> 00:04:27,100 liberté individuelle dans un sens large. 69 00:04:27,740 --> 00:04:32,180 La liberté individuelle est constituée de différentes libertés personnelles, 70 00:04:32,420 --> 00:04:37,080 aller et venir, vie privée, inviolabilité du domicile, 71 00:04:37,400 --> 00:04:41,400 droit de mener une vie familiale normale, liberté d’expression, 72 00:04:41,600 --> 00:04:42,360 etc. 73 00:04:42,960 --> 00:04:47,840 Mais à partir des années 2000, le Conseil constitutionnel a adopté 74 00:04:48,040 --> 00:04:51,460 une acception beaucoup plus restrictive de la liberté individuelle. 75 00:04:52,200 --> 00:04:55,660 La liberté individuelle ne concerne, depuis cette époque, 76 00:04:55,860 --> 00:05:02,040 que le droit à ne pas être enfermé, à ne pas être détenu arbitrairement. 77 00:05:03,120 --> 00:05:07,700 Cette conception est favorable au juge administratif puisque si 78 00:05:07,900 --> 00:05:20,460 l’on restreint ce qui relève du 79 00:05:20,660 --> 00:05:21,420 juge judiciaire parce que cela concerne la liberté individuelle, 80 00:05:21,620 --> 00:05:22,380 on étend ce qui relève du juge administratif. 81 00:05:22,580 --> 00:05:25,780 Le juge administratif n’est plus incompétent que pour les décisions 82 00:05:25,980 --> 00:05:31,720 qui consistent à prononcer l’enfermement arbitraire d’une 83 00:05:31,920 --> 00:05:32,680 personne. 84 00:05:37,660 --> 00:05:42,320 Cela se voit particulièrement dans la jurisprudence récente du Conseil 85 00:05:42,520 --> 00:05:45,620 constitutionnel dont j’ai déjà parlé, la décision Cédric D.  86 00:05:45,820 --> 00:05:50,020 de 2015 qui a été rendue à propos de l’assignation à résidence. 87 00:05:50,660 --> 00:05:55,140 Le Conseil constitutionnel a jugé que l’assignation à résidence n’était 88 00:05:55,340 --> 00:06:00,840 pas forcément une mesure qui portait atteinte à la liberté individuelle 89 00:06:01,040 --> 00:06:06,720 au sens d’une décision qui entraînerait 90 00:06:06,920 --> 00:06:08,140 l’enfermement d’une personne. 91 00:06:08,740 --> 00:06:12,440 L’assignation à résidence ne consiste pas en un enfermement, 92 00:06:12,680 --> 00:06:19,840 donc le juge administratif peut être saisi des décisions qui prononcent 93 00:06:20,040 --> 00:06:22,760 l’assignation à résidence de personnes qui présentent un danger pour l’ordre 94 00:06:22,960 --> 00:06:23,720 public. 95 00:06:23,960 --> 00:06:26,080 Voilà pour la liberté individuelle. 96 00:06:27,360 --> 00:06:28,620 Deuxièmement, le droit de propriété. 97 00:06:29,280 --> 00:06:34,320 En effet, le droit de propriété est une question fondamentalement 98 00:06:34,520 --> 00:06:35,280 judiciaire. 99 00:06:35,540 --> 00:06:42,020 Le Conseil constitutionnel l’a jugé notamment le 25 juillet 1989. 100 00:06:42,580 --> 00:06:45,800 Le Conseil constitutionnel a jugé que le législateur ne pouvait pas 101 00:06:46,000 --> 00:06:49,260 méconnaître, je cite, "l’importance des attributions 102 00:06:49,460 --> 00:06:53,700 conférées à l’autorité judiciaire en matière de protection de la 103 00:06:53,900 --> 00:06:55,300 propriété immobilière". 104 00:06:56,060 --> 00:07:01,320 La propriété immobilière est un sujet, entre guillemets, un sujet judiciaire 105 00:07:01,520 --> 00:07:03,660 et non un sujet administratif. 106 00:07:04,280 --> 00:07:09,040 Cela repose sur un principe fondamental reconnu par les lois de la République. 107 00:07:11,980 --> 00:07:17,580 Il découle, de cette compétence naturelle du juge judiciaire pour 108 00:07:17,780 --> 00:07:23,940 la liberté individuelle et pour la propriété, une théorie qui a 109 00:07:24,140 --> 00:07:27,540 été longtemps utilisée et qui aujourd’hui se trouve particulièrement 110 00:07:27,740 --> 00:07:34,240 restreinte, théorie fondée par le tribunal des conflits que l’on 111 00:07:34,440 --> 00:07:35,200 appelle la voie de fait. 112 00:07:36,280 --> 00:07:41,180 Le juge judiciaire est compétent lorsque l’administration viole 113 00:07:41,380 --> 00:07:45,540 une liberté fondamentale ou le droit de propriété en outrepassant 114 00:07:45,740 --> 00:07:49,220 ses compétences, c’est-à-dire en prenant une décision gravement 115 00:07:49,420 --> 00:07:50,620 illégale. 116 00:07:50,880 --> 00:07:55,600 Cela découle notamment d’une décision action française rendue par le 117 00:07:55,800 --> 00:07:58,720 tribunal des conflits le 8 avril 1935. 118 00:07:59,160 --> 00:08:03,720 En l’espèce, était contestée devant le juge judiciaire la décision 119 00:08:03,920 --> 00:08:08,960 de saisie du journal de l’Action française, décision qui avait été 120 00:08:09,160 --> 00:08:14,100 prise par l’administration et qui n’était pas fondée sur un quelconque 121 00:08:14,300 --> 00:08:15,980 motif d’ordre public. 122 00:08:17,340 --> 00:08:24,240 Le tribunal de première instance de Versailles avait estimé en l'espèce 123 00:08:24,440 --> 00:08:28,040 qu’il était compétent pour juger de cette affaire et le préfet 124 00:08:28,420 --> 00:08:35,060 considérait que cette affaire relevait normalement du juge administratif. 125 00:08:35,680 --> 00:08:40,620 L’affaire remonte jusqu’au Tribunal des conflits et le Tribunal des 126 00:08:40,820 --> 00:08:42,840 conflits estime que dès lors qu’il y a une voie de fait, 127 00:08:43,040 --> 00:08:46,220 c’est-à-dire l’administration qui prend une décision gravement illégale 128 00:08:46,420 --> 00:08:50,540 et qui porte atteinte à une liberté fondamentale, le juge judiciaire 129 00:08:50,740 --> 00:08:53,760 est compétent et non le juge administratif. 130 00:08:56,420 --> 00:09:01,850 Il faut bien voir aussi dans quel contexte est née la voie de fait. 131 00:09:02,050 --> 00:09:06,570 La voie de fait était justifiée à l’époque par le fait que le juge 132 00:09:06,770 --> 00:09:10,310 administratif était moins armé que le juge judiciaire pour faire 133 00:09:10,510 --> 00:09:16,310 face aux graves atteintes aux libertés fondamentales, atteintes causées 134 00:09:16,510 --> 00:09:18,390 par les décisions de l’administration. 135 00:09:19,070 --> 00:09:23,410 En particulier, le juge administratif ne pouvait pas intervenir en urgence 136 00:09:23,610 --> 00:09:29,930 et ne pouvait pas donner des ordres à l’administration, mais il est 137 00:09:30,130 --> 00:09:32,470 intéressant de voir que les choses ont changé. 138 00:09:32,730 --> 00:09:34,350 Le contexte a changé. 139 00:09:35,970 --> 00:09:41,310 Les pouvoirs du juge administratif ont été fortement revalorisés dans 140 00:09:41,510 --> 00:09:43,150 les années 90-2000. 141 00:09:43,590 --> 00:09:49,710 D'abord, la loi de 1995 sur l’injonction a permis au juge 142 00:09:49,910 --> 00:09:54,310 administratif de donner des ordres à l’administration, y compris sous 143 00:09:54,510 --> 00:10:05,250 astreinte, c’est-à-dire sous condamnation de sommes d’argent 144 00:10:05,450 --> 00:10:08,110 par jour de retard de prise de décision. 145 00:10:10,820 --> 00:10:14,760 Il y a également une autre loi très importante que cette loi sur 146 00:10:14,960 --> 00:10:19,960 l’injonction, une loi de 2000 sur les référés, loi sur les référés 147 00:10:20,160 --> 00:10:24,940 qui a permis au juge administratif d’intervenir en urgence, 148 00:10:25,280 --> 00:10:28,800 notamment d’intervenir en urgence lorsqu’il y a une atteinte grave 149 00:10:29,000 --> 00:10:34,020 et manifestement illégale qui est portée à une liberté fondamentale. 150 00:10:34,220 --> 00:10:38,640 C’est ce que l’on appelle le référé-liberté qui est prévu au 151 00:10:38,840 --> 00:10:40,640 sein du Code de justice administratif. 152 00:10:43,690 --> 00:10:47,450 Le Tribunal des conflits, face à cette évolution du contexte, 153 00:10:48,430 --> 00:10:51,370 a limité en conséquence la notion de voie de fait. 154 00:10:52,230 --> 00:10:58,250 Il n’est en effet plus particulièrement utile de confier cette compétence 155 00:10:58,450 --> 00:11:02,510 en matière de voie de fait au juge judiciaire puisque le juge 156 00:11:02,710 --> 00:11:07,590 administratif est aujourd’hui doté de pouvoirs importants pour faire 157 00:11:07,790 --> 00:11:10,930 face à l’administration dans certains litiges. 158 00:11:11,290 --> 00:11:14,410 Il y a deux arrêts fondamentaux qui ont été rendus par le tribunal 159 00:11:14,610 --> 00:11:15,370 des conflits. 160 00:11:15,570 --> 00:11:21,770 D’abord un arrêt du 17 juin 2013, Bergoend contre société ERDF. 161 00:11:23,090 --> 00:11:27,850 Dans cette décision, le tribunal des conflits a restreint 162 00:11:28,050 --> 00:11:34,670 la voie de fait en précisant qu’il n’y a voie de fait que si deux 163 00:11:34,870 --> 00:11:37,290 conditions cumulatives sont remplies. 164 00:11:38,250 --> 00:11:41,410 Première condition : l’administration doit avoir commis 165 00:11:41,610 --> 00:11:42,770 une illégalité grave. 166 00:11:43,370 --> 00:11:46,630 Il y a deux catégories seulement d’illégalité grave. 167 00:11:47,510 --> 00:11:52,950 Soit l’administration va imposer une de ses décisions avec un recours 168 00:11:53,150 --> 00:11:57,250 illégal à la force, l’usage de la force étant encadré par le droit. 169 00:11:57,450 --> 00:12:01,090 Si l’administration ne respecte pas les conditions de l’usage de 170 00:12:01,290 --> 00:12:04,470 la force, elle commet potentiellement une voie de fait. 171 00:12:05,270 --> 00:12:08,870 Donc première illégalité grave, le recours illégal à la force. 172 00:12:10,050 --> 00:12:15,050 Ou alors l’administration a commis une illégalité en prenant une décision 173 00:12:15,250 --> 00:12:18,750 qui ne se rattache à aucun des pouvoirs qui lui ont été confiés. 174 00:12:20,830 --> 00:12:24,270 Premièrement : l’administration doit avoir commis une illégalité grave. 175 00:12:25,030 --> 00:12:28,290 Deuxième condition qui doit être remplie pour qu’il y ait une voie 176 00:12:28,490 --> 00:12:34,410 de fait, l’illégalité grave commise par l’administration doit porter 177 00:12:34,610 --> 00:12:40,070 atteinte à la liberté individuelle ou aboutir à l’extinction d’un 178 00:12:40,270 --> 00:12:41,030 droit de propriété. 179 00:12:42,230 --> 00:12:46,350 Je précise encore une fois, l’atteinte à la liberté individuelle 180 00:12:48,330 --> 00:12:51,950 est constituée seulement des détentions arbitraires. 181 00:12:52,330 --> 00:12:55,330 Il ne peut y avoir voie de fait que s’il y a eu une détention 182 00:12:55,530 --> 00:12:59,970 arbitraire ou une extinction totale du droit de propriété, 183 00:13:00,190 --> 00:13:05,330 c’est-à-dire destruction d’un bien meuble ou dépossession totale du 184 00:13:05,530 --> 00:13:06,310 propriétaire d’un terrain. 185 00:13:07,070 --> 00:13:10,930 Vous comprenez qu’avec ces deux conditions, il y a rarement des 186 00:13:11,130 --> 00:13:11,890 voies de fait. 187 00:13:13,970 --> 00:13:17,650 Même si l’administration commet des illégalités, les illégalités 188 00:13:17,850 --> 00:13:23,110 graves restent rares dans les illégalités qui sont commises par 189 00:13:23,310 --> 00:13:24,070 l’administration. 190 00:13:25,150 --> 00:13:30,170 Deuxièmement, cette illégalité grave doit avoir entraîné elle-même 191 00:13:30,370 --> 00:13:35,510 une atteinte grave à une liberté, atteinte qui est portée par la 192 00:13:35,710 --> 00:13:40,010 détention arbitraire ou par la destruction d’un bien ou la 193 00:13:40,210 --> 00:13:41,030 dépossession totale. 194 00:13:41,450 --> 00:13:45,670 Il y a rarement voie de fait de nos jours depuis cette décision 195 00:13:45,870 --> 00:13:48,670 Bergoend contre société ERDF. 196 00:13:49,570 --> 00:13:52,070 Deuxième décision importante du tribunal des conflits, 197 00:13:52,370 --> 00:13:54,750 9 décembre 2013, Panizzon. 198 00:13:56,570 --> 00:14:00,770 Le tribunal des conflits porte un coup à une théorie très proche 199 00:14:00,970 --> 00:14:03,230 de la voie de fait, l’emprise irrégulière. 200 00:14:03,830 --> 00:14:05,970 Traditionnellement, le juge judiciaire était compétent 201 00:14:06,170 --> 00:14:09,730 pour juger de la dépossession irrégulière d’un propriétaire. 202 00:14:10,490 --> 00:14:14,910 Dans la ligne de sa jurisprudence Bergoend, le Tribunal des conflits 203 00:14:15,110 --> 00:14:19,350 juge que "l’emprise irrégulière ne relève du juge judiciaire que 204 00:14:19,550 --> 00:14:22,790 si elle entraîne une dépossession définitive du propriétaire", 205 00:14:22,990 --> 00:14:25,290 ce sont les mots qui sont employés par le Tribunal des conflits. 206 00:14:25,530 --> 00:14:30,970 Or, la dépossession définitive reste un cas assez rare dans l’action 207 00:14:31,170 --> 00:14:31,930 administrative.