1 00:00:05,730 --> 00:00:10,600 Passons, B : la compétence des juridictions administratives. 2 00:00:11,700 --> 00:00:15,085 La question de la compétence des juridictions administratives 3 00:00:15,171 --> 00:00:17,571 est une question que l’on peut traiter en deux temps. 4 00:00:18,000 --> 00:00:21,057 Vous devez comprendre l’étendue de cette compétence, 5 00:00:21,114 --> 00:00:24,971 tout d’abord par rapport à l’ordre juridictionnel administratif, 6 00:00:25,600 --> 00:00:28,171 puis comprendre l’étendue de cette compétence 7 00:00:28,257 --> 00:00:31,857 au sein même de l’ordre juridictionnel administratif. 8 00:00:32,160 --> 00:00:35,085 C’est la raison pour laquelle nous allons traiter, 1 : 9 00:00:35,828 --> 00:00:38,000 la compétence des juridictions administratives 10 00:00:38,057 --> 00:00:41,857 par rapport à leur juridictionnel judiciaire, 11 00:00:42,114 --> 00:00:47,342 et 2 : la répartition de la compétence des juridictions administratives 12 00:00:47,571 --> 00:00:51,000 au sein de l’ordre juridictionnel administratif. 13 00:00:51,900 --> 00:00:56,371 1 : par rapport à l’ordre juridique judiciaire. 14 00:00:58,640 --> 00:01:01,085 Avant de revenir très brièvement 15 00:01:01,257 --> 00:01:03,914 sur le fonctionnement du dualisme juridictionnel 16 00:01:03,942 --> 00:01:08,714 que vous avez normalement déjà étudié en deuxième année en droit administratif, 17 00:01:09,485 --> 00:01:15,542 je souhaite rappeler ici l’unité fondamentale de la justice en France. 18 00:01:16,130 --> 00:01:21,742 En effet, toute juridiction, a quelque ordre qu’elle appartienne, 19 00:01:22,190 --> 00:01:26,914 statue au nom du peuple français et exerce ce faisant, 20 00:01:27,714 --> 00:01:30,514 et pour reprendre une formule du Conseil constitutionnel, 21 00:01:30,800 --> 00:01:35,714 des fonctions inséparables de l’exercice de la souveraineté nationale. 22 00:01:36,190 --> 00:01:42,285 C’est ce qui ressort d’une décision du Conseil constitutionnel du 5 mai 1998. 23 00:01:42,857 --> 00:01:48,571 Ainsi, le Conseil d’État a eu l’occasion de rappeler dans un arrêt Popin, 24 00:01:48,600 --> 00:01:52,028 arrêt du 27 février 2004, 25 00:01:52,314 --> 00:01:59,885 que la justice est toujours rendue de manière indivisible au nom de l’État. 26 00:02:01,610 --> 00:02:03,628 Une fois ce rappel effectué, 27 00:02:03,685 --> 00:02:06,142 vous savez depuis la deuxième année de licence 28 00:02:06,171 --> 00:02:10,742 que la coexistence de deux ordres de juridiction 29 00:02:10,857 --> 00:02:14,657 qui se partagent la connaissance de l’ensemble des litiges 30 00:02:14,800 --> 00:02:17,257 ne va pas sans difficulté, 31 00:02:17,428 --> 00:02:22,257 notamment quant à la répartition de la compétence entre ces deux ordres ; 32 00:02:22,542 --> 00:02:26,771 à telle enseigne qu’il existe, en France, une juridiction spécialisée 33 00:02:26,942 --> 00:02:32,085 dans le règlement et la prévention des conflits, à savoir le Tribunal des conflits. 34 00:02:32,610 --> 00:02:35,657 Tribunal composé paritairement, je vous le rappelle, 35 00:02:35,740 --> 00:02:39,914 de membres du Conseil d’État et de la Cour de cassation, 36 00:02:40,160 --> 00:02:44,514 afin de trancher les difficultés de répartition de compétences 37 00:02:44,600 --> 00:02:47,142 entre les deux ordres de juridiction. 38 00:02:48,760 --> 00:02:53,657 Vous savez également que certaines garanties constitutionnelles 39 00:02:53,742 --> 00:02:56,714 entourent le dualisme juridictionnel. 40 00:02:57,520 --> 00:03:03,085 Outre la décision du Conseil constitutionnel du 22 juillet 1980 41 00:03:03,171 --> 00:03:04,514 que j’ai déjà évoqué, 42 00:03:04,657 --> 00:03:09,800 en tant qu’elle reconnaît l’indépendance de la juridiction administrative 43 00:03:09,942 --> 00:03:13,285 comme un principe fondamental reconnu par les lois de la République 44 00:03:13,371 --> 00:03:17,314 fondée sur la loi du 24 mai 1872, 45 00:03:17,657 --> 00:03:21,171 il convient de mentionner ici, pour rappel, 46 00:03:21,370 --> 00:03:27,430 la décision fondamentale du Conseil constitutionnel du 23 janvier 1987 47 00:03:27,514 --> 00:03:29,890 dite Conseil de la concurrence. 48 00:03:30,670 --> 00:03:31,914 Par cette décision, 49 00:03:32,257 --> 00:03:35,228 le Conseil constitutionnel a également reconnu 50 00:03:35,285 --> 00:03:38,514 un principe fondamental reconnu par les lois de la République, 51 00:03:38,830 --> 00:03:43,342 toujours fondées sur la loi du 24 mai 1872, 52 00:03:43,600 --> 00:03:48,714 relative cette fois-ci à la compétence des juridictions administratives. 53 00:03:49,540 --> 00:03:53,457 En effet, en vertu de ce PFRLR, 54 00:03:53,771 --> 00:03:59,171 relève, en dernier ressort de la compétence de la juridiction administrative, 55 00:03:59,400 --> 00:04:02,028 l’annulation ou la réformation 56 00:04:02,228 --> 00:04:06,257 des décisions prises dans l’exercice de prérogatives de puissance publique 57 00:04:06,485 --> 00:04:11,057 par les autorités exerçant le pouvoir exécutif. 58 00:04:12,020 --> 00:04:16,571 Ainsi, le champ de la compétence constitutionnellement 59 00:04:16,628 --> 00:04:19,142 reconnue des juridictions administratives 60 00:04:19,171 --> 00:04:24,085 correspond à ce que l’on désigne comme étant le contentieux 61 00:04:24,257 --> 00:04:30,500 par voie d’action des décisions de puissance publique prises par des personnes publiques. 62 00:04:31,850 --> 00:04:37,342 A contrario, sont exclus de ce champ de compétence constitutionnelle, 63 00:04:38,330 --> 00:04:40,314 constitutionnellement protégé, 64 00:04:40,771 --> 00:04:45,542 les contentieux à l’égard desquels des juridictions judiciaires 65 00:04:45,600 --> 00:04:47,540 peuvent être parfois compétentes. 66 00:04:47,990 --> 00:04:53,510 Il s’agit des contentieux comme celui de la réparation, 67 00:04:53,900 --> 00:04:55,314 celui des contrats, 68 00:04:55,457 --> 00:05:01,257 celui des décisions prises par des personnes privées chargées d’une mission de service public, 69 00:05:01,571 --> 00:05:05,142 ou encore du contentieux de l’exception. 70 00:05:07,560 --> 00:05:14,370 Soulignons ici que le Conseil constitutionnel a réservé une exception 71 00:05:14,714 --> 00:05:20,657 et prévu une dérogation à ce partage de compétence. 72 00:05:21,580 --> 00:05:23,028 Une exception tout d’abord. 73 00:05:23,590 --> 00:05:30,228 En effet, le Conseil constitutionnel a pris soin de réserver le cas des matières 74 00:05:30,600 --> 00:05:34,371 réservées par nature à l’autorité judiciaire. 75 00:05:35,085 --> 00:05:36,857 À l’égard de ces matières, 76 00:05:37,000 --> 00:05:41,428 la compétence constitutionnelle des juridictions administratives s’efface 77 00:05:41,657 --> 00:05:44,285 au profit des juridictions judiciaires. 78 00:05:44,710 --> 00:05:48,460 Ces matières sont, pour l’essentiel, la liberté individuelle, 79 00:05:48,760 --> 00:05:53,410 la propriété privée, l’état et la capacité des personnes. 80 00:05:55,050 --> 00:05:56,800 Une dérogation ensuite. 81 00:05:57,540 --> 00:06:02,400 Le Conseil constitutionnel reconnaît au législateur la faculté de déroger, 82 00:06:02,730 --> 00:06:05,028 de façon précise et limitée, 83 00:06:05,257 --> 00:06:11,430 à ce partage des compétences dans un souci de bonne administration de la justice. 84 00:06:12,270 --> 00:06:18,142 Il s’agit d’éviter des morcellements de compétences entre les ordres de juridiction. 85 00:06:18,480 --> 00:06:25,314 Il s’agit d’unifier la compétence au sujet d’un type de litige, 86 00:06:25,590 --> 00:06:29,542 au sein de l’ordre juridictionnel principalement concerné. 87 00:06:30,300 --> 00:06:34,470 Ainsi, on a par exemple transféré à la cour d’appel de Paris, 88 00:06:34,571 --> 00:06:36,600 juridiction de l’ordre judiciaire, 89 00:06:36,800 --> 00:06:39,514 le contentieux des décisions prises 90 00:06:39,600 --> 00:06:43,142 par certaines autorités administratives indépendantes, 91 00:06:43,342 --> 00:06:45,628 comme l’ex-Conseil de la concurrence 92 00:06:45,714 --> 00:06:49,542 ou l’ex-Autorité de Régulation des Télécommunications. 93 00:06:51,180 --> 00:06:53,571 Au fond, depuis 1987, 94 00:06:53,771 --> 00:06:59,130 l’ordre juridictionnel administratif jouit d’une assise constitutionnelle. 95 00:07:00,090 --> 00:07:03,314 N’oubliez pas que l’assise constitutionnelle 96 00:07:03,371 --> 00:07:06,685 dont dispose l’ordre juridictionnel judiciaire 97 00:07:06,971 --> 00:07:13,314 se trouve au Titre 8 de la Constitution relatif à l’autorité judiciaire. 98 00:07:14,370 --> 00:07:17,828 Cette assise constitutionnelle protège en quelque sorte 99 00:07:17,914 --> 00:07:25,171 l’ordre juridictionnel administratif contre d’éventuelles velléités du législateur. 100 00:07:26,970 --> 00:07:28,314 Dans cette perspective, 101 00:07:28,342 --> 00:07:32,200 la réforme constitutionnelle du 23 juin 2008 102 00:07:32,314 --> 00:07:35,257 a permis de franchir un pas supplémentaire. 103 00:07:36,210 --> 00:07:38,742 En effet, pour la première fois, 104 00:07:38,885 --> 00:07:43,800 la Constitution fait expressément référence au dualisme juridictionnel 105 00:07:44,142 --> 00:07:47,457 en mentionnant, à l’article 61-1, 106 00:07:47,714 --> 00:07:52,542 le rôle de filtre joué par le Conseil d’État et la Cour de cassation, 107 00:07:52,771 --> 00:07:56,485 s’agissant des questions prioritaires de constitutionnalité 108 00:07:56,514 --> 00:07:58,714 transmise au Conseil constitutionnel. 109 00:07:59,550 --> 00:08:03,942 Les deux cours souveraines sont ainsi évoquées conjointement 110 00:08:04,228 --> 00:08:06,228 par cette disposition. 111 00:08:07,800 --> 00:08:12,720 Cela apparaît comme une garantie constitutionnelle supplémentaire 112 00:08:13,140 --> 00:08:16,200 entourant le dualisme juridictionnel, 113 00:08:16,428 --> 00:08:19,114 apparu dès la fin du 19e siècle 114 00:08:19,200 --> 00:08:23,714 et désormais solidement ancré dans l’ordre juridique français. 115 00:08:24,730 --> 00:08:30,628 Passons, 2 : la répartition de la compétence des juridictions administratives 116 00:08:30,657 --> 00:08:34,028 au sein de l’ordre juridictionnel administratif. 117 00:08:35,360 --> 00:08:40,370 Ici, je traiterais uniquement de la question de la compétence matérielle 118 00:08:40,428 --> 00:08:43,285 des juridictions administratives générales, 119 00:08:43,657 --> 00:08:48,142 c’est-à-dire du type de litiges dévolus aux tribunaux administratifs, 120 00:08:48,200 --> 00:08:51,057 aux cours administratives d’appel et au Conseil d’État. 121 00:08:52,840 --> 00:08:56,714 Les règles de répartition des compétences entre ces juridictions 122 00:08:56,942 --> 00:09:00,914 traduisent avant tout la réalisation d’un compromis, 123 00:09:01,371 --> 00:09:05,857 compromis entre d’une part la volonté d’accorder au Conseil d’État 124 00:09:06,000 --> 00:09:08,628 la maîtrise de l’ensemble du contentieux, 125 00:09:09,200 --> 00:09:15,600 et d’autre part, l’impossibilité matérielle, pour ce dernier, d’accomplir cette tâche. 126 00:09:16,870 --> 00:09:21,457 Nous devons donc envisager la répartition des compétences de premier ressort 127 00:09:21,742 --> 00:09:24,342 entre les tribunaux administratifs et le Conseil d’État, 128 00:09:24,850 --> 00:09:28,914 la répartition des compétences d’appel entre les cours administratives d’appel 129 00:09:29,000 --> 00:09:30,142 et le Conseil d’État, 130 00:09:30,600 --> 00:09:35,257 puis enfin, la compétence de cassation du seul Conseil d’État. 131 00:09:36,580 --> 00:09:39,571 En premier ressort tout d’abord. 132 00:09:41,460 --> 00:09:45,771 En premier ressort, les tribunaux administratifs se voient confier, en 1953, 133 00:09:45,800 --> 00:09:47,857 une compétence de droit commun, 134 00:09:48,600 --> 00:09:51,314 mais il n’était pas question, en 1953, 135 00:09:51,342 --> 00:09:56,428 de leur confier les affaires mettant en cause les plus hautes autorités de l’État. 136 00:09:56,820 --> 00:10:02,485 Celles-ci sont restées, ces affaires, sous la coupe du Conseil d’État. 137 00:10:05,020 --> 00:10:06,257 Cette articulation, 138 00:10:06,314 --> 00:10:13,085 vous la retrouvez aux articles L211-1 du Code de justice administrative 139 00:10:13,285 --> 00:10:18,771 et L311-1 du Code de justice administrative. 140 00:10:20,460 --> 00:10:21,971 Selon ces dispositions, 141 00:10:22,028 --> 00:10:27,428 une compétence de principe est dévolue aux tribunaux administratifs en premier ressort, 142 00:10:27,914 --> 00:10:31,057 tandis que d’autres juridictions administratives 143 00:10:31,285 --> 00:10:35,285 détiennent une compétence d’attribution en premier ressort. 144 00:10:35,850 --> 00:10:40,285 Attention, j’ai bien dit d’autres juridictions administratives 145 00:10:40,342 --> 00:10:42,657 et pas uniquement le Conseil d’État. 146 00:10:43,230 --> 00:10:49,685 En effet, dans leur rédaction issue de la loi du 13 décembre 2011, 147 00:10:50,040 --> 00:10:56,640 les articles L211-1 et L311-1 du Code de justice administrative 148 00:10:57,030 --> 00:11:01,771 permettent l’attribution d’une compétence de premier ressort 149 00:11:01,942 --> 00:11:04,828 aux cours administratives d’appel. 150 00:11:06,730 --> 00:11:10,685 Voyons donc les compétences d’attributions reconnues au profit 151 00:11:10,857 --> 00:11:13,657 d’autres juridictions administratives 152 00:11:13,685 --> 00:11:16,428 que les tribunaux administratifs en premier ressort. 153 00:11:16,750 --> 00:11:18,914 Je vais distinguer, à cet effet, 154 00:11:19,171 --> 00:11:22,600 les compétences en premier ressort du Conseil d’État, 155 00:11:22,942 --> 00:11:27,628 et les compétences en premier et dernier ressort des cours administratives d’appel. 156 00:11:27,980 --> 00:11:30,057 Je vais commencer par le Conseil d’État 157 00:11:30,114 --> 00:11:33,857 parce que le Conseil d’État bénéficie historiquement 158 00:11:34,028 --> 00:11:37,510 d’une compétence directe en premier et dernier ressort. 159 00:11:39,430 --> 00:11:42,657 Conformément à l’article L311-1, 160 00:11:42,771 --> 00:11:48,342 une compétence en premier et dernier ressort peut être confiée au Conseil d’État 161 00:11:48,714 --> 00:11:54,730 lorsque l’objet du litige ou l’intérêt d’une bonne administration de la justice le justifie. 162 00:11:55,570 --> 00:11:59,228 Premièrement, lorsque l’objet du litige le justifie. 163 00:12:00,710 --> 00:12:03,771 Les litiges confiés en premier ressort au Conseil d’État, 164 00:12:03,920 --> 00:12:08,657 en raison de leur objet, concernent les actes de portée nationale 165 00:12:08,800 --> 00:12:12,514 susceptibles de présenter un enjeu particulier. 166 00:12:13,130 --> 00:12:19,457 La liste de ces litiges figure à l’article R311-1. 167 00:12:20,150 --> 00:12:22,142 Il s’agit, par exemple, 168 00:12:22,400 --> 00:12:26,228 des recours dirigés contre les ordonnances du président de la République 169 00:12:26,571 --> 00:12:30,742 ou encore des recours dirigés contre les actes réglementaires des ministres 170 00:12:30,942 --> 00:12:35,085 ou des autres autorités à compétence nationale. 171 00:12:35,420 --> 00:12:39,114 Il peut encore s’agir des recours dirigés contre les décisions 172 00:12:39,200 --> 00:12:41,657 prises par certaines autorités de régulation, 173 00:12:41,828 --> 00:12:43,571 comme l’Autorité de la concurrence, 174 00:12:43,730 --> 00:12:48,230 l’Autorité des marchés financiers ou l’Autorité de sûreté nucléaire. 175 00:12:49,400 --> 00:12:50,542 En dehors de cette liste, 176 00:12:50,628 --> 00:12:56,257 certains contentieux particuliers sont directement confiés au Conseil d’État, 177 00:12:56,428 --> 00:12:58,885 comme certains contentieux électoraux. 178 00:12:59,085 --> 00:13:03,457 Voyez, pour cela, l’article L311-3 du Code. 179 00:13:04,930 --> 00:13:07,314 Deuxièmement, compétence directe du Conseil d’État 180 00:13:07,371 --> 00:13:11,828 lorsque l’intérêt d’une bonne administration de la justice le justifie. 181 00:13:12,685 --> 00:13:21,285 Cette compétence directe se retrouve à l’article R311-1 cinquièmement du Code. 182 00:13:21,610 --> 00:13:26,260 En effet, c’est une compétence directe confiée au Conseil d’État 183 00:13:26,342 --> 00:13:31,457 à propos des actions en responsabilité dirigées contre l’État 184 00:13:31,742 --> 00:13:36,600 pour durée excessive de la procédure devant la juridiction administrative. 185 00:13:37,420 --> 00:13:41,028 Il s’agit ici des demandes d’indemnisations 186 00:13:41,257 --> 00:13:46,942 fondées sur la règle de réparation dégagée 187 00:13:47,085 --> 00:13:52,085 à l’occasion de la jurisprudence Magiera du 28 juin 2002. 188 00:13:52,514 --> 00:13:54,914 En effet, cette jurisprudence Magiera, 189 00:13:54,942 --> 00:13:57,914 que vous avez peut-être déjà rencontrée en deuxième année, 190 00:13:58,257 --> 00:14:03,314 permet à un justiciable confronté à une procédure anormalement longue 191 00:14:03,571 --> 00:14:06,742 d’engager la responsabilité de l’État pour faute simple, 192 00:14:07,114 --> 00:14:11,314 pour fonctionnement défectueux du service public de la justice. 193 00:14:12,980 --> 00:14:16,114 Il y a ensuite une attribution directe 194 00:14:16,285 --> 00:14:20,400 d’une compétence en premier et dernier ressort aux cours administratives d’appel, 195 00:14:21,360 --> 00:14:24,285 également justifiée par l’objet du litige 196 00:14:24,371 --> 00:14:26,685 ou l’intérêt d’une bonne administration de la justice 197 00:14:26,800 --> 00:14:32,228 conformément à l’article L211-2 du Code de justice administrative. 198 00:14:33,680 --> 00:14:37,028 Ces transferts de compétence sont très récents, 199 00:14:37,085 --> 00:14:39,228 ils ne sont possibles que depuis 2011, 200 00:14:39,514 --> 00:14:44,400 et sont réalisés soit au profit de l’ensemble des cours administratives d’appel, 201 00:14:44,600 --> 00:14:47,371 soit au profit de certaines d’entre elles. 202 00:14:48,160 --> 00:14:53,914 Par exemple, il a été attribué, à l’ensemble des cours administratives d’appel, 203 00:14:53,970 --> 00:14:58,371 une compétence directe pour connaître des litiges relatifs 204 00:14:58,571 --> 00:15:02,914 aux décisions prises par la Commission nationale d’aménagement commercial 205 00:15:03,210 --> 00:15:05,085 ou encore relatifs aux décisions 206 00:15:05,142 --> 00:15:09,285 prises par la Commission nationale d’aménagement cinématographique, 207 00:15:09,314 --> 00:15:12,714 article R311-3 du CJA. 208 00:15:13,920 --> 00:15:15,057 De la même manière, 209 00:15:15,085 --> 00:15:19,742 l’ensemble des cours administratives d’appel sont aujourd’hui compétentes 210 00:15:19,800 --> 00:15:25,371 pour connaître de certains litiges relatifs à la production d’électricité éolienne, 211 00:15:25,571 --> 00:15:29,057 article R311-5 du même Code. 212 00:15:29,760 --> 00:15:34,800 Par ailleurs, certains transferts de compétence ont été réalisés 213 00:15:34,885 --> 00:15:39,428 au profit de certaines cours administratives d’appel. 214 00:15:40,410 --> 00:15:46,085 Par exemple, l’article R311-2 cinquièmement du Code confie, 215 00:15:46,142 --> 00:15:48,228 à la cour administrative d’appel, 216 00:15:48,371 --> 00:15:53,542 la compétence pour connaître des litiges relatifs à l’organisation 217 00:15:53,828 --> 00:15:57,800 et au déroulement des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. 218 00:15:58,470 --> 00:16:02,200 De même, la Cour dministrative d’appel de Nantes 219 00:16:02,371 --> 00:16:05,742 est directement compétente en premier et dernier ressort 220 00:16:05,971 --> 00:16:11,028 pour connaître notamment des litiges relatifs aux installations 221 00:16:11,200 --> 00:16:17,800 de production d’énergie renouvelable en mer, article R311-4. 222 00:16:18,657 --> 00:16:21,571 Rendues en premier et dernier ressort, 223 00:16:21,870 --> 00:16:25,828 les décisions des cours administratives d’appel ne sont, 224 00:16:26,057 --> 00:16:28,628 dans cette hypothèse de compétence directe, 225 00:16:28,942 --> 00:16:33,285 susceptibles que d’un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État.