1 00:00:05,650 --> 00:00:09,540 Précisons maintenant le champ d'application 2 00:00:09,860 --> 00:00:12,440 du principe de la contradiction. 3 00:00:13,630 --> 00:00:19,060 Champ d'application qui répond à la double fonction de ce principe, 4 00:00:19,120 --> 00:00:22,420 à la fois instrument de protection des parties 5 00:00:22,760 --> 00:00:26,540 et instrument d'information du juge. 6 00:00:26,950 --> 00:00:31,700 En effet, la double fonction du principe de la contradiction explique 7 00:00:31,780 --> 00:00:36,180 pourquoi ce principe impose non seulement de soumettre à la discussion 8 00:00:36,370 --> 00:00:39,140 les éléments du litige qui proviennent des parties, 9 00:00:39,560 --> 00:00:44,620 mais aussi plus généralement des éléments soumis au juge 10 00:00:44,900 --> 00:00:47,480 et qui ne proviennent pas des parties. 11 00:00:48,520 --> 00:00:53,660 Commençons en premier lieu par la mise en œuvre du principe de la contradiction 12 00:00:53,780 --> 00:00:55,860 à propos des productions des parties. 13 00:00:56,380 --> 00:00:59,860 Je l'ai dit, les moyens et conclusions des parties 14 00:01:00,000 --> 00:01:05,520 sont contenus dans un document appelé mémoire, 15 00:01:06,620 --> 00:01:10,380 document dont la communication à la partie adverse 16 00:01:10,620 --> 00:01:13,640 permet d'assurer une discussion contradictoire. 17 00:01:14,080 --> 00:01:17,660 Cette communication n'est pas effectuée par les parties, 18 00:01:17,900 --> 00:01:20,060 mais par la juridiction elle-même, 19 00:01:20,300 --> 00:01:24,420 juridiction qui va notifier au défendeur la requête 20 00:01:24,880 --> 00:01:30,160 et le cas échéant le mémoire complémentaire du demandeur. 21 00:01:30,940 --> 00:01:37,280 Juridiction qui va ensuite communiquer le premier mémoire en défense 22 00:01:37,840 --> 00:01:41,540 à la partie en demande. 23 00:01:43,150 --> 00:01:46,720 S'agissant des mémoires susceptibles d'être produits ultérieurement, 24 00:01:46,780 --> 00:01:51,790 c'est-à-dire après ce premier échange entre le demandeur et le défendeur, 25 00:01:52,180 --> 00:01:57,100 la juridiction est tenue de verser au débat contradictoire 26 00:01:57,380 --> 00:02:00,940 que ceux qui contiennent un élément nouveau, 27 00:02:01,160 --> 00:02:06,520 conformément à l'article R 111-1 du Code de justice administrative. 28 00:02:08,110 --> 00:02:12,960 L'absence de communication par le juge d'une pièce produite par une partie 29 00:02:13,120 --> 00:02:14,600 à la partie adverse 30 00:02:14,980 --> 00:02:19,840 ne va pas nécessairement affecter le jugement. 31 00:02:20,560 --> 00:02:24,160 En effet, si le juge ne fonde pas sa décision 32 00:02:24,340 --> 00:02:28,800 sur l'élément qui n'a pas été soumis à la contradiction, 33 00:02:29,140 --> 00:02:33,380 le Conseil d'Etat estime que l'absence de débat contradictoire 34 00:02:33,640 --> 00:02:38,740 a été sans incidence sur la régularité du jugement. 35 00:02:40,510 --> 00:02:45,120 Il arrive que la discussion contradictoire donne lieu 36 00:02:45,180 --> 00:02:49,780 à des manœuvres dilatoires de la part des parties. 37 00:02:49,980 --> 00:02:51,240 Manoeuvres dilatoires, 38 00:02:51,300 --> 00:02:57,200 cela signifie des manœuvres que les parties mettent en place 39 00:02:57,500 --> 00:03:00,880 afin de ralentir le procès. 40 00:03:01,510 --> 00:03:04,720 Le juge dispose d'un certain nombre de moyens de pression 41 00:03:05,040 --> 00:03:11,590 afin d'éviter ou du moins de faire échec aux manœuvres dilatoires des parties. 42 00:03:12,880 --> 00:03:19,160 Tout d'abord, le juge peut accélérer le rythme des échanges entre les parties, 43 00:03:19,540 --> 00:03:22,920 en fixant aux parties un délai de réponse 44 00:03:23,000 --> 00:03:25,490 au mémoire qu'ils leur communiquent. 45 00:03:26,920 --> 00:03:30,700 Il n'est pas à cet égard tenu de faire droit 46 00:03:31,060 --> 00:03:34,180 à une demande de délai supplémentaire. 47 00:03:35,350 --> 00:03:41,820 A l'échéance du délai qu'il a imposé à une partie pour répondre à un moyen, 48 00:03:42,220 --> 00:03:45,160 le juge peut mettre en demeure cette partie 49 00:03:45,640 --> 00:03:52,960 et décider de clore l'instruction si la partie n'a pas réagi. 50 00:03:53,860 --> 00:03:58,120 Clore l'instruction, voire même fixer la date d'audience, 51 00:03:59,160 --> 00:04:03,100 c'est un premier moyen d'accélérer les échanges. 52 00:04:04,090 --> 00:04:07,500 Un autre moyen qui permet d'accélérer les échanges, 53 00:04:07,560 --> 00:04:11,320 qui permet d'inciter les parties à produire 54 00:04:11,600 --> 00:04:15,980 est la possibilité pour le juge en cours d'instance de décider 55 00:04:16,140 --> 00:04:20,290 d'une date de clôture de l'instruction ou d'une date d'audience publique. 56 00:04:22,000 --> 00:04:24,840 Le problème cependant est qu'il est alors fréquent 57 00:04:25,560 --> 00:04:30,880 que des mémoires soient produits in-extremis par les parties, 58 00:04:30,940 --> 00:04:34,810 c'est-à-dire juste avant la fin de l'instruction. 59 00:04:35,240 --> 00:04:37,540 On parle alors de mémoires tardifs 60 00:04:37,900 --> 00:04:40,240 et le problème de la production de ces mémoires tardifs 61 00:04:40,600 --> 00:04:46,820 est qu'il impose souvent au juge de reporter la clôture de l'instruction 62 00:04:47,220 --> 00:04:52,320 afin de mettre la partie adverse en mesure de répliquer à ce mémoire. 63 00:04:55,240 --> 00:04:59,500 Si la procédure devant le juge administratif est inquisitoire, 64 00:04:59,580 --> 00:05:03,100 c'est-à-dire placée sous la conduite de ce juge 65 00:05:03,160 --> 00:05:07,680 afin d'éviter un allongement excessif de la durée des débats, 66 00:05:07,960 --> 00:05:11,360 les exigences du principe de la contradiction interdisent 67 00:05:11,720 --> 00:05:15,180 d'imposer aux parties une cadence militaire 68 00:05:15,400 --> 00:05:19,810 et de sanctionner trop sévèrement les ralentissements. 69 00:05:21,340 --> 00:05:23,360 Dans certaines hypothèses toutefois, 70 00:05:23,920 --> 00:05:30,080 la carence des parties à produire des mémoires dans le délai indiqué 71 00:05:30,360 --> 00:05:33,430 va entraîner des conséquences très rigoureuses. 72 00:05:33,800 --> 00:05:36,680 C'est en particulier le cas pour le demandeur : 73 00:05:37,120 --> 00:05:42,180 en effet, après avoir annoncé un mémoire complémentaire 74 00:05:42,420 --> 00:05:44,900 dans la requête introductive d'instance, 75 00:05:45,220 --> 00:05:51,010 le requérant peut s'abstenir de produire ce mémoire complémentaire. 76 00:05:51,970 --> 00:05:58,660 Or, cette carence est considérée comme un désistement d'office. 77 00:06:00,370 --> 00:06:02,140 Jusqu'à une période récente, 78 00:06:02,460 --> 00:06:07,380 la sanction du désistement d'office était d'autant plus rigoureuse 79 00:06:07,760 --> 00:06:12,360 que le Conseil d'Etat avait une certaine propension à déceler 80 00:06:15,480 --> 00:06:17,200 dans des formules du type 81 00:06:17,280 --> 00:06:20,320 "je me réserve le droit de produire un autre mémoire", 82 00:06:20,610 --> 00:06:22,840 l'annonce d'un mémoire complémentaire, 83 00:06:23,140 --> 00:06:27,100 dont l'absence entraînait automatiquement le désistement. 84 00:06:27,620 --> 00:06:32,130 Donc il suffisait qu'un requérant dans sa requête introductive d'instance 85 00:06:32,400 --> 00:06:36,300 précise qu'il se réserve le droit de produire un autre mémoire 86 00:06:36,480 --> 00:06:41,120 pour que le Conseil d'Etat y voit l'annonce d'un mémoire complémentaire. 87 00:06:41,180 --> 00:06:41,720 Et évidemment, 88 00:06:41,780 --> 00:06:45,160 l'absence de production d'un mémoire complémentaire entraînait 89 00:06:45,580 --> 00:06:49,920 automatiquement le désistement d'office de ce requérant 90 00:06:51,060 --> 00:06:55,480 depuis une condamnation de la France par la CEDH 91 00:06:55,720 --> 00:07:00,390 le 15 janvier 2009 dans l'affaire Guillard c/ France. 92 00:07:00,600 --> 00:07:03,780 Donc condamnation par la CEDH d'une telle pratique, 93 00:07:04,020 --> 00:07:09,840 le Conseil d'Etat s'applique à attacher des conséquences 94 00:07:10,200 --> 00:07:16,400 qu'à des intentions plus explicites de la part du requérant. 95 00:07:16,740 --> 00:07:22,600 La sévérité du dispositif du désistement d'office a également été atténuée 96 00:07:22,800 --> 00:07:26,900 en permettant au requérant qui finalement jugerait 97 00:07:26,940 --> 00:07:30,280 que sa requête est suffisamment développée, 98 00:07:30,660 --> 00:07:35,160 de renoncer à la production d'un mémoire complémentaire. 99 00:07:37,830 --> 00:07:42,000 Surtout, la sanction elle-même a été adoucie ; 100 00:07:42,500 --> 00:07:45,080 contrairement à la solution qui prévalait 101 00:07:45,180 --> 00:07:48,320 jusqu'à un revirement de jurisprudence du Conseil d'Etat, 102 00:07:48,660 --> 00:07:54,260 ce dernier considérait que l'absence de production d'un mémoire annoncé 103 00:07:54,520 --> 00:07:58,650 équivalait à un désistement d'action. 104 00:08:00,210 --> 00:08:02,200 Depuis son revirement de jurisprudence, 105 00:08:02,260 --> 00:08:08,340 il considère que le désistement équivaut à un désistement d'instance. 106 00:08:09,510 --> 00:08:12,720 Or, tout l'intérêt de ce revirement de jurisprudence 107 00:08:13,000 --> 00:08:17,360 est que le désistement d'instance n'interdit pas au requérant 108 00:08:17,600 --> 00:08:20,620 de porter de nouveau le litige devant le juge, 109 00:08:20,680 --> 00:08:26,100 alors qu'un désistement d'action interdira au requérant 110 00:08:26,240 --> 00:08:29,310 de présenter à nouveau ce litige au juge. 111 00:08:30,780 --> 00:08:34,900 Le silence du défendeur fait lui aussi l'objet d'une sanction 112 00:08:35,000 --> 00:08:39,750 s'il ne produit pas un mémoire dans un délai qui lui a été accordé. 113 00:08:40,080 --> 00:08:44,540 Mais il convient d'admettre que cette sanction est bien moins sévère 114 00:08:44,600 --> 00:08:45,630 que pour le demandeur. 115 00:08:46,110 --> 00:08:50,740 En effet, la carence du défendeur à se défendre, 116 00:08:50,960 --> 00:08:54,200 c'est-à-dire l'absence de production d'un mémoire, 117 00:08:54,420 --> 00:08:58,520 même après mise en demeure et avant la clôture de l'instruction 118 00:08:58,940 --> 00:09:03,040 est regardée comme un acquiescement de sa part aux faits, 119 00:09:03,260 --> 00:09:08,600 conformément à l'article R 612-6 du Code de justice administrative. 120 00:09:09,900 --> 00:09:12,180 Cela ne signifie pas, faites bien attention, 121 00:09:12,400 --> 00:09:16,410 qu'il sera nécessairement déclaré comme étant perdant, 122 00:09:16,820 --> 00:09:20,000 l'acquiescement ne concerne que les faits, 123 00:09:20,200 --> 00:09:24,580 il ne couvre ni leur qualification, ni les moyens, 124 00:09:24,640 --> 00:09:28,860 ni a fortiori les conclusions du demandeur. 125 00:09:29,790 --> 00:09:33,120 Cet acquiescement aux faits ne prive pas non plus le juge 126 00:09:33,220 --> 00:09:36,960 de tout pouvoir d'investigation, puisque je vous le rappelle, 127 00:09:37,020 --> 00:09:39,220 le juge est tenu de s'assurer 128 00:09:39,480 --> 00:09:43,140 que les faits tels qu'ils ont été lancés par le demandeur, 129 00:09:43,380 --> 00:09:47,310 ne sont pas contredits par les pièces du dossier. 130 00:09:48,560 --> 00:09:51,620 Pour le dire très simplement, même négligeant, 131 00:09:51,680 --> 00:09:56,360 un défendeur ne va pas perdre d'emblée le procès, 132 00:09:56,580 --> 00:10:01,720 l'acquiescement aux faits va simplement réduire ses chances de succès. 133 00:10:01,800 --> 00:10:08,190 Au fond ce qui est intéressant, c'est que le juge dispose également 134 00:10:08,460 --> 00:10:12,360 d'un outil qui serait destiné à clarifier les débats. 135 00:10:12,600 --> 00:10:16,620 Dans l'hypothèse où il y aurait eu de très nombreux échanges 136 00:10:16,700 --> 00:10:19,940 entre le demandeur et le défendeur, 137 00:10:20,600 --> 00:10:27,160 en effet, l'article R 611-8-1 du code permet au juge 138 00:10:27,360 --> 00:10:32,140 de demander aux parties la production d'un mémoire récapitulatif. 139 00:10:32,260 --> 00:10:33,080 Donc, par exemple, 140 00:10:33,180 --> 00:10:37,660 si une partie a produit de nombreux mémoires dans le cadre de l'instance, 141 00:10:38,040 --> 00:10:42,320 le juge peut lui demander de présenter un mémoire récapitulatif 142 00:10:42,520 --> 00:10:47,400 qui va reprendre l'ensemble de ses conclusions et de ses moyens. 143 00:10:48,240 --> 00:10:51,440 Cette demande doit être prise très au sérieux 144 00:10:51,760 --> 00:10:53,540 puisque les conclusions et les moyens 145 00:10:53,760 --> 00:10:57,740 qui ne sont pas repris dans un mémoire récapitulatif 146 00:10:58,040 --> 00:11:02,730 sont regardés comme ayant été abandonnés par la partie. 147 00:11:03,720 --> 00:11:08,550 Evidemment, la mise en demeure à produire un mémoire récapitulatif 148 00:11:08,820 --> 00:11:12,340 doit préciser à la partie cette conséquence 149 00:11:15,320 --> 00:11:18,780 afin qu'elle produise un mémoire récapitulatif 150 00:11:19,140 --> 00:11:22,890 en connaissance des conséquences que cela implique. 151 00:11:24,330 --> 00:11:27,260 Pire encore, si le juge assortit 152 00:11:27,340 --> 00:11:31,120 sa demande de production d'un mémoire récapitulatif d'un délai, 153 00:11:31,420 --> 00:11:35,220 l'absence de production d'un mémoire récapitulatif 154 00:11:35,280 --> 00:11:39,080 est considéré comme un désistement d'instance. 155 00:11:39,750 --> 00:11:41,960 Il est alors mis fin au litige 156 00:11:42,320 --> 00:11:46,290 par une ordonnance donnant acte de ce désistement. 157 00:11:47,180 --> 00:11:53,080 Evidemment, cette ordonnance qui donnera acte du désistement d'une partie 158 00:11:53,360 --> 00:11:57,330 est susceptible d'être contestée en appel ou en cassation. 159 00:11:58,030 --> 00:12:03,960 Donc vous le voyez, les productions des parties sont à la fois 160 00:12:04,580 --> 00:12:08,190 régies dans leurs échanges par le principe de la contradiction, 161 00:12:08,600 --> 00:12:16,020 mais le juge dispose de moyens assez efficaces pour rythmer l'instruction 162 00:12:16,200 --> 00:12:19,830 et donc permettre que cet échange contradictoire 163 00:12:20,100 --> 00:12:22,980 se fasse dans les meilleurs délais. 164 00:12:23,680 --> 00:12:28,800 Qu'en est il, en second lieu, des productions extérieures aux parties. 165 00:12:29,520 --> 00:12:33,700 En effet, plusieurs données qui vont être produites 166 00:12:33,780 --> 00:12:39,260 au cours d'un procès administratif le seront par des tiers, 167 00:12:39,680 --> 00:12:45,660 et évidemment ces données, ces productions extérieures aux parties 168 00:12:45,840 --> 00:12:49,560 qui proviennent d'un tiers sont rarement neutres 169 00:12:49,840 --> 00:12:53,460 au regard des prétentions des parties. 170 00:12:53,980 --> 00:12:56,260 C'est la raison pour laquelle les données 171 00:12:56,740 --> 00:13:00,340 ou les productions qui proviennent d'un tiers 172 00:13:00,600 --> 00:13:05,800 doivent être soumises à un débat contradictoire entre les parties. 173 00:13:06,220 --> 00:13:11,440 Le principe de la contradiction exige que les parties soient mises en mesure 174 00:13:11,660 --> 00:13:16,630 de débattre des productions extérieures à ces dernières. 175 00:13:17,860 --> 00:13:22,720 Par exemple, les mesures d'instruction qui sont confiées à un tiers 176 00:13:23,000 --> 00:13:28,780 sont entièrement assujetties aux exigences de la contradiction. 177 00:13:30,280 --> 00:13:32,400 En effet, non seulement 178 00:13:32,620 --> 00:13:37,120 les conclusions auxquelles aboutissent ces mesures d'instruction 179 00:13:37,380 --> 00:13:39,540 doivent être soumises aux parties, 180 00:13:39,880 --> 00:13:44,300 mais les parties doivent avoir la possibilité d'assister 181 00:13:44,540 --> 00:13:50,980 aux opérations d'instruction qui sont confiées par le juge à un tiers. 182 00:13:52,600 --> 00:13:57,430 Toutefois, il ne faut pas avoir une représentation ici trop excessive 183 00:13:57,820 --> 00:14:01,690 de la portée des exigences du principe de la contradiction. 184 00:14:02,140 --> 00:14:06,780 En effet, la méconnaissance de l'obligation 185 00:14:06,840 --> 00:14:11,420 qui consiste à permettre aux parties d'assister aux opérations d'instruction 186 00:14:11,800 --> 00:14:14,140 n'est que faiblement sanctionnée. 187 00:14:14,480 --> 00:14:19,280 Certes, une opération d'instruction menée sans que les parties 188 00:14:19,520 --> 00:14:23,470 aient été mises à même d'y assister est irrégulière. 189 00:14:25,330 --> 00:14:30,700 Les conclusions auxquelles elle aboutit ne peuvent servir en tant que telles 190 00:14:31,000 --> 00:14:32,590 de fondement au jugement. 191 00:14:33,250 --> 00:14:38,500 Mais la juridiction n'est toutefois pas tenue d'ignorer les résultats 192 00:14:38,580 --> 00:14:40,880 d'une telle opération d'instruction. 193 00:14:41,350 --> 00:14:47,900 Elle est autorisée à les utiliser à titre d'information 194 00:14:48,220 --> 00:14:53,720 dès lors que ces éléments ont été versés au débat contradictoire 195 00:14:54,100 --> 00:14:58,400 selon l'expression que le juge utilise couramment. 196 00:15:01,690 --> 00:15:07,040 Cette subtile nuance a conduit le juge d'appel à annuler parfois 197 00:15:07,100 --> 00:15:11,100 dans un premier temps un jugement qui a été directement fondé 198 00:15:11,260 --> 00:15:16,990 sur un rapport établi à la suite d'une opération d'instruction irrégulière, 199 00:15:17,380 --> 00:15:23,800 avant dans un second temps de confirmer la solution retenue 200 00:15:24,080 --> 00:15:29,740 en se fondant sur les données qui ont été versées au débat contradictoire 201 00:15:29,800 --> 00:15:33,370 et qui sont extraites d'un tel rapport. 202 00:15:33,700 --> 00:15:35,980 Pour le dire autrement, 203 00:15:36,280 --> 00:15:40,820 vous devez comprendre que même si une opération d'instruction 204 00:15:40,900 --> 00:15:44,220 n'a pas été organisée de manière contradictoire, 205 00:15:44,300 --> 00:15:47,560 c'est-à-dire que l'on n'a pas permis aux parties d'y assister, 206 00:15:47,780 --> 00:15:52,020 le fait que les résultats de cette instruction aient ensuite été 207 00:15:52,180 --> 00:15:55,940 versés au débat contradictoire 208 00:15:56,080 --> 00:16:02,680 va permettre au juge de tenir compte des informations ainsi dégagées, 209 00:16:03,140 --> 00:16:05,700 ce qui conduit à considérer 210 00:16:05,880 --> 00:16:10,500 que le principe de la contradiction a ici une fonction valide. 211 00:16:10,630 --> 00:16:14,680 Il va valider, parce qu'il est respecté, 212 00:16:14,840 --> 00:16:23,780 des éléments d'une opération d'instruction qui ne s'est pas déroulée 213 00:16:24,240 --> 00:16:28,230 selon le respect strict du principe de la contradiction.