1 00:00:08,010 --> 00:00:11,550 Bonjour à tous et bienvenue à ce cours sur le monétarisme. 2 00:00:12,660 --> 00:00:17,066 Nous sommes toujours dans le chapitre 1 : le renouveau de la théorie libérale. 3 00:00:17,730 --> 00:00:21,000 Nous abordons en section 2 le monétarisme. 4 00:00:22,560 --> 00:00:25,422 Face à la crise des années 70,  5 00:00:26,177 --> 00:00:30,533 aux échecs des politiques de régulation keynésienne à relancer l'économie, 6 00:00:31,200 --> 00:00:32,888 le monétarisme se développe. 7 00:00:34,080 --> 00:00:38,133 Comme son nom l'indique, cette école de pensée met l'accent sur les questions monétaires. 8 00:00:39,300 --> 00:00:43,955 L'idée centrale est qu'il faut avant tout réguler la masse monétaire et limiter l'inflation. 9 00:00:45,390 --> 00:00:49,511 Cette thèse remet ainsi au goût du jour les idées anciennes de Jean Bodin, 10 00:00:49,860 --> 00:00:52,500 de David Hume, de Jean-Baptiste Say 11 00:00:53,225 --> 00:00:58,310 et tend à réhabiliter la théorie quantitative de la monnaie de Irving Fisher. 12 00:01:00,430 --> 00:01:06,311 Le chef de file de l'école monétariste est Milton Friedman, 1912-2006. 13 00:01:07,466 --> 00:01:12,160 Économiste américain, il obtient le Prix Nobel en 1976. 14 00:01:13,000 --> 00:01:19,377 Il acquiert une importante notoriété auprès du grand public avec deux de ses ouvrages : 15 00:01:19,600 --> 00:01:26,577 Capitalisme et Liberté en 1962 et la Liberté du choix en 1980, 16 00:01:26,933 --> 00:01:30,444 qui est issu d'une série d'émissions télévisées. 17 00:01:31,990 --> 00:01:38,266 Tenant du libéralisme, Milton Friedman effectue une grande partie de sa carrière 18 00:01:38,260 --> 00:01:44,000 à l'université de Chicago où il devient,  avec ses thèses monétaristes, 19 00:01:44,533 --> 00:01:49,733 une des figures emblématiques de ce que l'on appelle l'école de Chicago 20 00:01:50,222 --> 00:01:52,040 qu'il contribue à développer. 21 00:01:54,870 --> 00:01:59,555 Nous allons étudier dans cette section les thèmes majeurs de son analyse, 22 00:02:00,711 --> 00:02:04,711 sa remise en cause de la politique budgétaire keynésienne en I, 23 00:02:05,777 --> 00:02:09,244 sa vision de l'inflation de la politique monétaire en II, 24 00:02:10,400 --> 00:02:13,288 son interprétation du chômage en III. 25 00:02:16,800 --> 00:02:21,022 I : une remise en question de la politique budgétaire keynésienne 26 00:02:22,590 --> 00:02:26,977 Friedman a souvent été considéré comme l'anti-Keynes. 27 00:02:28,120 --> 00:02:33,333 Il ne croit pas en l'efficacité d'une politique conjoncturelle keynésienne 28 00:02:33,644 --> 00:02:37,822 pour relancer la croissance d'un pays et résorber le chômage. 29 00:02:40,080 --> 00:02:44,888 Comme on l'a vu précédemment, Partie 2, Chapitre 3, Section 4, 30 00:02:45,777 --> 00:02:48,400 avec sa théorie du revenu permanent,  31 00:02:49,244 --> 00:02:54,844 il remet totalement en question la stabilité de la fonction de consommation keynésienne. 32 00:02:56,690 --> 00:03:00,222 La consommation courante ne dépend pas du revenu courant. 33 00:03:00,977 --> 00:03:05,866 Seule la consommation permanente est fonction du revenu permanent. 34 00:03:06,710 --> 00:03:07,600 En d'autres termes,  35 00:03:08,711 --> 00:03:12,622 la seule relation que l'on peut trouver est une relation de long terme 36 00:03:12,622 --> 00:03:17,288 entre nos habitudes de consommation et notre revenu moyen de long terme. 37 00:03:18,800 --> 00:03:24,400 Toute politique de relance crée donc un supplément de revenu exceptionnel 38 00:03:25,422 --> 00:03:27,288 qui va forcément être épargné. 39 00:03:28,730 --> 00:03:33,690 Elle n'a donc pour Friedman aucun effet bénéfique sur l'économie du pays. 40 00:03:35,060 --> 00:03:39,466 Elle peut juste créer de l'inflation et engendrer des déséquilibres 41 00:03:39,466 --> 00:03:42,977 qui peuvent par là même déstabiliser l'économie. 42 00:03:45,570 --> 00:03:50,177 Si la fonction de consommation n'est pas une fonction stable du revenu, 43 00:03:51,155 --> 00:03:57,688 les monétaristes affirment la supériorité de l'approche par la quantité de monnaies 44 00:03:58,266 --> 00:04:02,444 à l'approche keynésienne fondée sur la liaison entre revenu et consommation. 45 00:04:04,870 --> 00:04:08,177 II : inflation et politique monétaire 46 00:04:10,480 --> 00:04:16,488 Friedman cherche d'abord à lutter contre l'inflation qui est pour lui le mal absolu. 47 00:04:18,160 --> 00:04:23,111 L'inflation se définit comme la perte du pouvoir d'achat de la monnaie 48 00:04:24,000 --> 00:04:28,088 qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. 49 00:04:29,640 --> 00:04:31,270 Quelle est la cause de cette inflation ? 50 00:04:33,750 --> 00:04:39,750 Pour les monétaristes, c'est un phénomène monétaire et non réel,  51 00:04:40,488 --> 00:04:44,311 idée que Friedman exprime à travers cette célèbre phrase : 52 00:04:44,910 --> 00:04:51,422 "L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire" - fin de citation. 53 00:04:54,120 --> 00:04:57,555 La cause principale est, selon ses termes, 54 00:04:58,000 --> 00:05:04,000 "une augmentation de la quantité de monnaies  plus rapide que celle de la production" 55 00:05:04,844 --> 00:05:05,644 - fin de citation. 56 00:05:07,670 --> 00:05:12,355 Le responsable de cette inflation,  c'est l'État et les autorités monétaires. 57 00:05:15,333 --> 00:05:19,511 L'État a en effet tendance à vouloir augmenter la masse monétaire 58 00:05:20,177 --> 00:05:25,377 pour combler un déficit budgétaire afin de lutter contre le sous-emploi 59 00:05:25,377 --> 00:05:28,630 ou chercher à relancer l'économie en favorisant l'investissement. 60 00:05:30,980 --> 00:05:37,244 Pour Friedman, la lutte contre l'inflation doit être la priorité,  61 00:05:38,890 --> 00:05:41,422 car elle engendre des déséquilibres majeurs 62 00:05:41,511 --> 00:05:45,955 qui peuvent se répercuter sur l'ensemble des marchés de l'économie. 63 00:05:48,040 --> 00:05:52,090 L'inflation perturbe en effet les anticipations des agents économiques 64 00:05:52,780 --> 00:05:55,930 et elle nuit à la compétitivité extérieure. 65 00:05:58,030 --> 00:06:04,670 Dans cet esprit, Friedman compare en 1968 l'inflation à l'alcoolisme. 66 00:06:06,640 --> 00:06:09,850 Je le cite : "L'inflation est comme l'alcoolisme. 67 00:06:10,750 --> 00:06:15,466 Lorsqu'un homme se livre à une beuverie,  le soir même, cela lui fait du bien. 68 00:06:16,060 --> 00:06:20,230 Ce n'est que le lendemain qu'il se sent mal" - fin de citation. 69 00:06:21,640 --> 00:06:27,688 En d'autres termes, l'inflation peut avoir des effets favorables à court terme. 70 00:06:28,240 --> 00:06:33,244 Cependant, ses effets deviennent extrêmement défavorables sur le long terme. 71 00:06:34,750 --> 00:06:36,711 Pour comprendre ce raisonnement,  72 00:06:37,200 --> 00:06:40,622 détaillons ce qui se passe à court terme et à long terme. 73 00:06:42,075 --> 00:06:43,325 1 : à court terme. 74 00:06:45,325 --> 00:06:47,822 Les autorités cherchent à relancer l'économie 75 00:06:47,822 --> 00:06:51,190 en mettant en œuvre une politique monétaire expansive. 76 00:06:52,450 --> 00:06:56,980 L'augmentation de la masse monétaire engendre une augmentation des prix. 77 00:06:57,800 --> 00:06:58,960 C'est la théorie quantitative. 78 00:07:00,580 --> 00:07:04,933 Si les prix que l'on va représenter  par la lettre P augmentent,  79 00:07:06,133 --> 00:07:11,550 sur le marché du travail, cela va réduire le salaire réel qui s'exprime - je vous le rappelle - 80 00:07:11,822 --> 00:07:15,777 par le rapport de W divisé par P. 81 00:07:17,320 --> 00:07:23,688 C'est le rapport entre W, le salaire nominal,  et P, donc le niveau général des prix. 82 00:07:26,520 --> 00:07:28,690 On reprend ici les bonnes habitudes néoclassiques. 83 00:07:30,070 --> 00:07:33,610 Le marché du travail est régulé par le taux de salaire réel. 84 00:07:35,560 --> 00:07:41,244 La base de ce salaire réel conduit les entreprises à pouvoir embaucher davantage, 85 00:07:41,733 --> 00:07:43,066 ce qui réduit le chômage. 86 00:07:44,680 --> 00:07:48,666 Mais, tout cela n'est possible que parce que les agents ont été trompés. 87 00:07:49,840 --> 00:07:53,377 Ils ne s'aperçoivent pas tout de suite de la baisse de leur salaire réel, 88 00:07:53,733 --> 00:07:55,511 de la baisse de leur pouvoir d'achat. 89 00:07:56,590 --> 00:07:59,555 On dit qu'ils font l'objet d'une illusion monétaire. 90 00:08:01,300 --> 00:08:08,488 Cela est possible, car ils ont, pour Friedman, des anticipations adaptatives. 91 00:08:09,850 --> 00:08:12,210 Qu'est-ce qu'une anticipation adaptative ? 92 00:08:15,300 --> 00:08:20,355 Le concept d'anticipation adaptative est un concept utilisé par Friedman. 93 00:08:21,390 --> 00:08:25,600 Il signifie que les individus effectuent leurs anticipations 94 00:08:25,700 --> 00:08:27,000 à partir des événements passés. 95 00:08:28,488 --> 00:08:30,933 Ils réalisent au fil du temps des corrections,  96 00:08:31,644 --> 00:08:34,266 mais cela leur prend un certain délai. 97 00:08:35,490 --> 00:08:37,333 Ainsi, à court terme,  98 00:08:37,911 --> 00:08:41,866 les individus ne se rendent pas compte de la baisse de leur pouvoir d'achat. 99 00:08:42,840 --> 00:08:44,970 Ils ne s'en aperçoivent que sur, le long terme. 100 00:08:46,950 --> 00:08:52,100 En d'autres termes, les effets bénéfiques de la politique monétaire 101 00:08:52,575 --> 00:08:56,700 proviennent des erreurs d'anticipation des agents économiques. 102 00:08:57,830 --> 00:08:59,288 En trompant les agents,  103 00:08:59,820 --> 00:09:03,866 les autorités parviennent donc à augmenter artificiellement 104 00:09:03,866 --> 00:09:05,760 le niveau de l'activité et de l'emploi. 105 00:09:07,620 --> 00:09:12,210 La théorie monétariste abandonne ici les principes de la dichotomie 106 00:09:12,220 --> 00:09:16,222 entre la sphère réelle et la sphère monétaire chère aux classiques et aux néoclassiques. 107 00:09:17,190 --> 00:09:20,570 La monnaie n'est donc plus neutre à court terme. 108 00:09:22,830 --> 00:09:26,380 Cet effet bénéfique ne dure cependant qu'un temps. 109 00:09:28,240 --> 00:09:29,670 Que se passe-t-il à long terme ? 110 00:09:30,970 --> 00:09:32,675 2 : à long terme. 111 00:09:34,550 --> 00:09:35,422 Sur le long terme, 112 00:09:35,422 --> 00:09:39,955 les travailleurs finissent par s'apercevoir de la baisse de leur pouvoir d'achat. 113 00:09:41,470 --> 00:09:43,740 Ils demandent des augmentations de rémunération. 114 00:09:45,730 --> 00:09:51,155 La hausse de leur salaire accroît leur taux de salaire réel 115 00:09:51,820 --> 00:09:53,475 et cela va accroître W sur P.  116 00:09:54,200 --> 00:09:59,200 Mais, cela va par la même occasion créer du chômage. 117 00:10:00,520 --> 00:10:06,622 C'est pourquoi la politique monétaire expansive devient inefficace sur le long terme. 118 00:10:07,720 --> 00:10:12,310 Le chômage revient à son niveau initial, mais l'inflation a explosé. 119 00:10:14,420 --> 00:10:18,444 On retrouve sur le long terme la théorie quantitative 120 00:10:18,844 --> 00:10:21,111 et l'analyse en termes de dichotomie. 121 00:10:22,250 --> 00:10:26,311 Il n'y a pas d'arbitrage possible entre inflation et chômage,  122 00:10:27,066 --> 00:10:30,400 car ils appartiennent à deux sphères disjointes :  123 00:10:30,711 --> 00:10:33,170 la sphère réelle et la sphère monétaire. 124 00:10:36,330 --> 00:10:41,733 Ces effets peuvent se retrouver graphiquement en reprenant une courbe 125 00:10:42,088 --> 00:10:46,711 que nous avons étudiée précédemment,  c'est-à-dire la courbe de Phillips. 126 00:10:48,390 --> 00:10:52,790 3 : la courbe de Phillips dans la vision monétariste. 127 00:10:54,940 --> 00:10:59,460 Pour rappel, la courbe de Phillips établit une relation décroissante 128 00:10:59,660 --> 00:11:00,870 entre inflation et chômage. 129 00:11:01,740 --> 00:11:05,911 Nous l'avions étudié dans la Partie 2, Chapitre 3, Section 1. 130 00:11:08,020 --> 00:11:11,200 Si l'on porte en abscisse le chômage et en ordonnée l'inflation, 131 00:11:12,730 --> 00:11:16,960 la courbe présente une tendance décroissante. 132 00:11:18,750 --> 00:11:21,775 Les monétaristes réinterprètent cette courbe  133 00:11:22,200 --> 00:11:28,225 en supposant partir d'une situation A  représentée par le point A sur la courbe. 134 00:11:29,770 --> 00:11:32,755 Pour réduire le chômage, les autorités peuvent être tentées 135 00:11:32,755 --> 00:11:35,822 de mettre en place une politique monétaire expansive 136 00:11:36,488 --> 00:11:39,555 qui réduit le chômage en augmentant l'inflation. 137 00:11:41,240 --> 00:11:44,590 On passe donc du point A au point B à court terme. 138 00:11:45,970 --> 00:11:48,000 Cependant, à long terme,  139 00:11:48,000 --> 00:11:50,933 les individus s'aperçoivent de la baisse de leur pouvoir d'achat 140 00:11:51,288 --> 00:11:53,210 et demandent des augmentations de salaire. 141 00:11:54,490 --> 00:11:56,170 Le chômage augmente de nouveau. 142 00:11:57,260 --> 00:11:59,300 Il se retrouve à son niveau initial. 143 00:12:00,260 --> 00:12:03,220 Mais, l'inflation est plus importante qu'à l'origine. 144 00:12:04,190 --> 00:12:06,120 On se situe alors au point C. 145 00:12:08,020 --> 00:12:12,844 L'analyse de Friedman donne ainsi une explication du déplacement 146 00:12:12,888 --> 00:12:16,950 vers la droite de la courbe de Phillips dans les années 70. 147 00:12:19,810 --> 00:12:22,266 Cette analyse a des conséquences directes 148 00:12:22,488 --> 00:12:26,290 sur la politique monétaire préconisée par les monétaristes. 149 00:12:27,250 --> 00:12:28,970 Que faut-il donc faire ? 150 00:12:31,190 --> 00:12:39,710 4 : la politique monétaire préconisée En période de faible croissance,  151 00:12:40,222 --> 00:12:45,980 comme on vient de le voir, il faut renoncer à toute politique monétaire de relance. 152 00:12:48,090 --> 00:12:50,266 En période de forte croissance, 153 00:12:51,333 --> 00:12:57,111 la monnaie peut cependant se révéler insuffisante pour réaliser les transactions. 154 00:12:58,830 --> 00:13:01,125 Friedman développe alors l'idée 155 00:13:01,750 --> 00:13:05,825 qu'il faut mettre en place une politique monétaire codifiée 156 00:13:06,925 --> 00:13:11,280 qui doit suivre un code,  une règle bien précise. 157 00:13:12,450 --> 00:13:14,266 Cette règle, c'est la suivante : 158 00:13:15,460 --> 00:13:22,088 "Toute augmentation de la masse monétaire doit se faire de façon proportionnelle 159 00:13:22,355 --> 00:13:23,955 au taux de croissance du PIB. 160 00:13:25,080 --> 00:13:29,911 Au contraire, il faut abandonner toute politique discrétionnaire 161 00:13:30,440 --> 00:13:35,244 qui se ferait à la discrétion du gouvernement, selon son bon vouloir, 162 00:13:35,688 --> 00:13:39,688 gouvernement qui pourrait chercher à vouloir tromper les individus 163 00:13:40,355 --> 00:13:42,000 pour relancer l'économie". 164 00:13:42,750 --> 00:13:48,044 Une telle politique ne fonctionne pas sur le long terme pour les monétaristes. 165 00:13:50,530 --> 00:13:55,066 III : le chômage Nous avons beaucoup parlé d'inflation, 166 00:13:55,066 --> 00:13:57,160 mais beaucoup moins de chômage. 167 00:13:58,420 --> 00:14:02,755 Pour Friedman, la priorité est la lutte contre l'inflation. 168 00:14:03,040 --> 00:14:05,320 Mais, quelle analyse fait-il donc du chômage ? 169 00:14:06,880 --> 00:14:10,666 Pour lui, il existe un taux de chômage naturel 170 00:14:11,600 --> 00:14:14,577 qui est compatible avec un taux d'inflation stable. 171 00:14:15,850 --> 00:14:19,022 Ce taux, c'est ce que l'on appelle le NAIRU : 172 00:14:19,511 --> 00:14:24,355 Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment. 173 00:14:26,150 --> 00:14:30,088 Ce taux dépend des structures du marché du travail 174 00:14:30,577 --> 00:14:33,688 et provient en particulier de ses rigidités 175 00:14:34,311 --> 00:14:37,955 qui perturbent l'ajustement concurrentiel des salaires. 176 00:14:39,790 --> 00:14:44,000 Ces rigidités peuvent provenir ainsi du salaire minimum en vigueur,  177 00:14:44,800 --> 00:14:49,822 de l'action des syndicats ou d'un niveau des allocations chômage 178 00:14:49,822 --> 00:14:51,050 distribuées trop important. 179 00:14:53,050 --> 00:14:56,380 Elles dépendent donc de facteurs structurels. 180 00:14:58,270 --> 00:15:01,688 Les monétaristes pensent donc que la seule solution 181 00:15:01,688 --> 00:15:08,533 pour lutter contre le chômage réside dans des politiques microéconomiques structurelles 182 00:15:08,844 --> 00:15:12,666 sur le marché du travail visant à le flexibiliser. 183 00:15:14,350 --> 00:15:17,866 Parallèlement, il faut s'assurer de la stabilité des prix,  184 00:15:18,622 --> 00:15:22,400 ce qui permet de réduire les tensions dans l'économie. 185 00:15:26,080 --> 00:15:29,466 On va essayer de résumer toute cette analyse. 186 00:15:29,510 --> 00:15:31,375 IV : conclusion. 187 00:15:32,850 --> 00:15:38,625 Cette analyse permet de mettre en exergue trois principaux points de controverses  188 00:15:38,900 --> 00:15:40,970 entre keynésiens et monétaristes. 189 00:15:42,590 --> 00:15:46,730 Tout d'abord, une divergence du cadre d'analyse. 190 00:15:47,840 --> 00:15:50,444 Keynes privilégie le court terme, 191 00:15:50,888 --> 00:15:53,866 car à long terme, selon ses propos, "nous serons tous morts". 192 00:15:55,120 --> 00:15:58,625 Pour Friedman, au contraire, "il ne faut pas hypothéquer l'avenir". 193 00:15:59,300 --> 00:16:03,377 Il ne faut donc surtout pas mener de politiques qui creusent le déficit 194 00:16:03,860 --> 00:16:05,660 ou créent de l'inflation sur le long terme. 195 00:16:08,450 --> 00:16:10,088 Deuxième point de divergence,  196 00:16:10,222 --> 00:16:14,770 divergence sur l'efficacité des politiques conjoncturelles de court terme. 197 00:16:16,320 --> 00:16:20,100 Pour Keynes, de telles politiques peuvent relancer l'économie. 198 00:16:21,750 --> 00:16:23,155 En revanche, pour Friedman,  199 00:16:23,155 --> 00:16:26,666 la politique budgétaire de relance est totalement inefficace. 200 00:16:26,850 --> 00:16:28,533 Elle ne peut qu'aggraver le déficit. 201 00:16:29,100 --> 00:16:33,200 Quant à la politique monétaire, son efficacité est de courte période. 202 00:16:34,266 --> 00:16:39,600 À long terme, elle ne crée que de l'inflation sans avoir réduit le chômage. 203 00:16:40,770 --> 00:16:45,025 Seule une politique structurelle de flexibilisation du marché du travail 204 00:16:45,275 --> 00:16:48,270 peut réduire durablement le chômage. 205 00:16:50,070 --> 00:16:54,210 Enfin, on a une divergence de priorité. 206 00:16:55,410 --> 00:17:01,866 Pour Keynes, il faut avant tout éviter le chômage, l'inflation étant un moindre mal. 207 00:17:03,360 --> 00:17:08,300 Pour Friedman, il faut d'abord lutter contre l'inflation. 208 00:17:11,100 --> 00:17:13,530 Les théories monétaristes ont connu beaucoup de succès. 209 00:17:14,880 --> 00:17:18,480 Friedman influença la politique de nombreux gouvernements,  210 00:17:19,290 --> 00:17:24,488 aux États-Unis notamment, avec Reagan, mais,  aussi au Royaume-Uni avec Margaret Thatcher, 211 00:17:24,977 --> 00:17:27,150 ainsi que dans de nombreux autres pays. 212 00:17:28,440 --> 00:17:31,422 Ces thèses eurent également des conséquences directes 213 00:17:31,688 --> 00:17:34,770 sur les politiques monétaires menées par les banques centrales. 214 00:17:35,940 --> 00:17:41,111 Elles ont contribué notamment au repli généralisé de l'inflation dans les années 80. 215 00:17:42,690 --> 00:17:45,022 Si la règle d'une évolution stricte 216 00:17:45,377 --> 00:17:48,933 de la masse monétaire reposant sur le PIB a été abandonnée, 217 00:17:49,644 --> 00:17:53,066 la plupart des banques centrales gardent néanmoins dans leurs statuts 218 00:17:53,200 --> 00:17:55,866 l'importance de la lutte contre l'inflation. 219 00:17:57,644 --> 00:18:02,430 Cette priorité de la lutte contre l'inflation demeure ainsi inscrite 220 00:18:02,630 --> 00:18:06,311 dans les statuts de la Banque Centrale européenne. 221 00:18:08,460 --> 00:18:10,844 Elle contribue, comme le voulait Friedman,  222 00:18:11,200 --> 00:18:16,820 à mettre au premier plan la politique monétaire par rapport à une politique budgétaire. 223 00:18:19,120 --> 00:18:22,711 Malgré les critiques dont le monétarisme a fait l'objet,  224 00:18:23,200 --> 00:18:26,222 notamment, par les écoles que l'on va étudier à la suite,  225 00:18:26,311 --> 00:18:28,888 comme les nouveaux classiques  ou les nouveaux keynésiens, 226 00:18:29,733 --> 00:18:32,500 certains de ces principes demeurent encore d'actualité. 227 00:18:33,820 --> 00:18:36,222 Milton Friedman, son chef de file,  228 00:18:36,800 --> 00:18:42,577 constitue ainsi l'un des économistes les plus influents de la fin du XXe siècle.