1 00:00:05,968 --> 00:00:08,510 Paragraphe 2, le bien légiféré. 2 00:00:09,940 --> 00:00:11,456 En Mésopotamie ancienne, 3 00:00:12,080 --> 00:00:15,856 pour qualifier le roi de Babylone en tant que législateur, 4 00:00:16,270 --> 00:00:20,850 un titre lui est donné : shar mesharim. 5 00:00:21,760 --> 00:00:29,968 Ce titre royal a une signification qui n’évoque curieusement ni la loi, ni même le droit. 6 00:00:31,120 --> 00:00:34,060 Ce titre a principalement deux sens. 7 00:00:34,770 --> 00:00:40,928 Il exprime tout d’abord le résultat obtenu quand on égalise des inégalités. 8 00:00:42,304 --> 00:00:46,660 Ensuite, il décrit la route que l’on emprunte dans le désert. 9 00:00:47,410 --> 00:00:52,368 La route du désert s’oppose à la route de la ville dessinée et bornée. 10 00:00:52,900 --> 00:00:58,464 La route du désert est celle que l’on trace sur un terrain vierge sans se détourner, 11 00:00:58,490 --> 00:01:03,824 ni à droite, ni à gauche, mais simplement dirigé par l’inspiration divine. 12 00:01:04,810 --> 00:01:08,496 Ces deux images décrivent donc le souverain législateur. 13 00:01:09,550 --> 00:01:12,704 Il est dynamique et corrige les iniquités. 14 00:01:13,300 --> 00:01:17,216 Il adapte les normes de la morale et de l’équité aux circonstances. 15 00:01:17,770 --> 00:01:20,432 Par ce titre, le souverain n’est pas présenté 16 00:01:20,672 --> 00:01:24,368 dans le devoir d’appliquer un droit fixe, inébranlable et durable, 17 00:01:24,620 --> 00:01:30,496 mais simplement pour supprimer les anomalies, les inégalités ou les iniquités. 18 00:01:31,000 --> 00:01:33,824 C’est par cette mission que se manifeste le législateur. 19 00:01:34,420 --> 00:01:39,760 Pour cette mission, il doit, là encore, dire le droit selon une procédure. 20 00:01:40,920 --> 00:01:43,504 A : Dire le droit. 21 00:01:45,130 --> 00:01:49,488 La loi a toujours été considérée par les anciens avec un très grand respect. 22 00:01:50,140 --> 00:01:54,496 Aristote disait d’elle qu’elle est une intelligence sans passion. 23 00:01:55,090 --> 00:01:58,288 C’est une définition qui n’est malheureusement plus très actuelle. 24 00:01:58,540 --> 00:02:02,672 On dirait volontiers plutôt qu’elle est devenue une passion sans intelligence. 25 00:02:03,730 --> 00:02:10,096 En Grèce et à Rome, la manifestation de la loi s’opère par écrit et par oral. 26 00:02:10,510 --> 00:02:14,290 Le Nomos grec sera ce droit écrit, mais subjectif. 27 00:02:14,740 --> 00:02:19,088 La Lex, à Rome, sera ce droit lu mais impératif. 28 00:02:22,272 --> 00:02:24,280 Premièrement : Nomos. 29 00:02:26,160 --> 00:02:33,680 Nomos vise, en Grèce, un concept normatif qui apparaît avec la cité démocratique. 30 00:02:34,450 --> 00:02:36,288 Le Nomos, c’est le droit positif. 31 00:02:36,960 --> 00:02:40,592 C’est la détermination écrite de ce qui revient à chacun. 32 00:02:41,360 --> 00:02:45,456 Ce Nomos est une création humaine qui s’éloigne du caractère divin 33 00:02:45,472 --> 00:02:46,848 que porte encore la Dikê. 34 00:02:48,592 --> 00:02:52,432 C’est Sophocle qui a le mieux, dans sa pièce Antigone, 35 00:02:52,680 --> 00:02:54,752 montré l’originalité du Nomos 36 00:02:55,072 --> 00:02:58,720 en tant qu’expression d’un ordre humain détaché de la Dikê. 37 00:02:59,670 --> 00:03:04,140 Sophocle écrit cette pièce vers 442 avant notre ère. 38 00:03:05,460 --> 00:03:06,896 L’histoire d’Antigone est simple. 39 00:03:07,530 --> 00:03:12,032 Antigone a pour frère Polynice qui est mort en combattant contre Thèbes. 40 00:03:12,544 --> 00:03:17,392 Créon, roi de Thèbes, interdit à quiconque de rendre les honneurs funèbres 41 00:03:17,408 --> 00:03:21,424 et d’ensevelir la dépouille de ceux qui ont combattu contre la Cité. 42 00:03:22,230 --> 00:03:25,456 Bravant cet interdit, Antigone va ensevelir son frère 43 00:03:25,770 --> 00:03:30,944 et désobéir au Nomos de Créon pour obéir aux principes de l’ordre divin, 44 00:03:31,248 --> 00:03:34,050 qui commandent aux vivants de respecter les morts. 45 00:03:35,190 --> 00:03:37,680 Antigone est arrêtée. 46 00:03:37,890 --> 00:03:40,048 Elle est conduite devant Créon et là, 47 00:03:41,728 --> 00:03:46,176 entre Antigone et Créon, deux arguments vont s’opposer.  48 00:03:48,640 --> 00:03:53,840 Créon déclare : "Ainsi, tu as osé passer outre à ma loi". 49 00:03:54,730 --> 00:03:59,312 Et Antigone répond : "Oui car ce n’est pas Zeus qui l’avait proclamée. 50 00:04:00,130 --> 00:04:04,540 Ce n’est pas la justice assise aux côtés des dieux infernaux. 51 00:04:04,750 --> 00:04:09,808 Non, ce ne sont pas là des lois qu’ils n’ont jamais fixées aux hommes. 52 00:04:10,200 --> 00:04:15,310 Et je ne pensais pas que tes défenses à toi fussent assez puissantes 53 00:04:15,888 --> 00:04:19,060 pour permettre, à un mortel, de passer outre à d’autres lois, 54 00:04:19,450 --> 00:04:22,288 aux lois non écrites inébranlables des dieux. 55 00:04:22,960 --> 00:04:26,384 Elles ne datent, celles-là, ni d’aujourd’hui, ni d’hier. 56 00:04:26,740 --> 00:04:29,072 Et nul ne sait le jour où elles ont paru. 57 00:04:29,650 --> 00:04:30,560 Ces lois-là, 58 00:04:30,944 --> 00:04:36,320 pouvais-je donc, par crainte de qui que ce fut, m’exposer à leur vengeance chez les dieux ?". 59 00:04:37,840 --> 00:04:38,688 Fin de citation. 60 00:04:39,760 --> 00:04:42,768 Antigone veut obéir aux principes non écrits, 61 00:04:43,280 --> 00:04:47,110 au principe divin de Zeus qui commande de respecter les morts. 62 00:04:48,010 --> 00:04:51,940 Antigone proclame les impératifs religieux universellement admis, 63 00:04:52,450 --> 00:04:53,830 la piété envers les morts. 64 00:04:54,790 --> 00:04:57,456 Attention ici à la caricature souvent facile. 65 00:04:58,090 --> 00:05:02,128 Antigone ne préfigure pas le féminisme, ni l’anarchie. 66 00:05:02,560 --> 00:05:03,936 Elle ne rejette pas le droit. 67 00:05:04,660 --> 00:05:07,584 Au contraire, elle le désigne. 68 00:05:07,960 --> 00:05:10,960 Pour désigner les principes non écrits, ces principes divins, 69 00:05:11,110 --> 00:05:15,152 le mot utilisé est Dikê, la justice des dieux. 70 00:05:16,360 --> 00:05:22,080 Face à cette Dikê de l’ordre divin, Créon défend le droit de la Cité. 71 00:05:22,360 --> 00:05:26,944 Il soutient l’ordre de la Cité contre laquelle Polynice a combattu. 72 00:05:28,900 --> 00:05:32,192 Là encore, attention à la caricature souvent facile. 73 00:05:32,680 --> 00:05:34,272 Créon n’est pas un dictateur. 74 00:05:34,570 --> 00:05:39,248 Créon rappelle le dévouement qu’il faut garder envers les lois de la Cité, 75 00:05:39,264 --> 00:05:43,648 c’est-à-dire envers le Nomos, et particulièrement ici son Nomos. 76 00:05:44,290 --> 00:05:49,440 Le terme Nomos s’est infiltré dans la langue française, dans le mot autonomie. 77 00:05:50,380 --> 00:05:57,968 La personne autonome étymologiquement est celle qui vit de sa propre loi, de sa propre norme. 78 00:05:58,720 --> 00:06:01,392 Cela n’en fait pas un dictateur. 79 00:06:02,590 --> 00:06:08,416 Il n’en reste pas moins que dans sa pièce, dans cet échange entre Créon et Antigone, 80 00:06:08,620 --> 00:06:14,448 par cette confrontation, Sophocle dénonce vigoureusement le conflit possible 81 00:06:14,672 --> 00:06:18,272 entre les principes de la Dikê universelle et ceux du Nomos, 82 00:06:18,784 --> 00:06:22,336 entre les lois divines non écrites et la loi humaine, 83 00:06:22,448 --> 00:06:27,680 entre l’universel et le particulier, entre l’éternel et le périssable. 84 00:06:28,240 --> 00:06:31,008 Sophocle ne fait pas seulement une distinction. 85 00:06:31,360 --> 00:06:33,376 Il opère aussi une hiérarchie. 86 00:06:34,140 --> 00:06:36,672 La Dikê universelle triomphe du Nomos. 87 00:06:37,150 --> 00:06:41,890 La sûreté, l’universalité et l’éternité s’imposent à la précarité, 88 00:06:42,090 --> 00:06:45,008 au transitoire, à la particularité de la loi. 89 00:06:45,610 --> 00:06:48,336 Sophocle est un peu réactionnaire 90 00:06:48,464 --> 00:06:52,304 et réagit assez mal aux nouveautés de la cité démocratique. 91 00:06:52,990 --> 00:06:58,784 A l’issue du combat avec Sophocle, le Nomos, la loi de la Cité a perdu son éclat. 92 00:06:59,470 --> 00:07:03,504 Elle tente à Rome, avec Lex, de le retrouver. 93 00:07:04,930 --> 00:07:07,630 Deuxièmement : Lex. 94 00:07:09,010 --> 00:07:13,392 Lex désigne aussi les actes émanant des autorités publiques 95 00:07:13,584 --> 00:07:17,744 qui formulent des règles obligatoires de caractère général. 96 00:07:18,550 --> 00:07:22,576 Les juristes et auteurs romains classiques insistent tous 97 00:07:22,880 --> 00:07:25,088 sur l’importance de la loi dans la Cité. 98 00:07:25,600 --> 00:07:29,328 Ils la présentent comme une sorte de pacte qui lie les citoyens 99 00:07:29,536 --> 00:07:32,464 et garantit l’ordre et la force de la Cité. 100 00:07:33,040 --> 00:07:36,670 La loi apparaît comme l’œuvre du peuple et témoigne de sa puissance. 101 00:07:37,120 --> 00:07:40,512 Applicable à tous, elle assure, par sa généralité, 102 00:07:40,752 --> 00:07:43,856 l’un des aspects fondamentaux de l’égalité des citoyens. 103 00:07:44,680 --> 00:07:49,440 La loi intervient souvent pour mettre fin à un conflit politique ou social. 104 00:07:49,936 --> 00:07:54,992 La majorité des lois concernent des questions politiques, économiques ou sociales. 105 00:07:55,330 --> 00:07:59,536 Les concepts fondamentaux du droit privé romain, puissance paternelle, 106 00:07:59,770 --> 00:08:04,384 notion de domaine ou d’obligation, n’ont jamais été fixés par une loi. 107 00:08:05,290 --> 00:08:07,376 Les lois sont assez rares à Rome. 108 00:08:08,500 --> 00:08:12,320 Ce peuple de juristes n’est pas un peuple législateur. 109 00:08:13,390 --> 00:08:17,936 On compte seulement 800 lois entre le début de la République, 110 00:08:18,100 --> 00:08:21,408 vers 509 avant notre ère, jusqu’à l’Empire. 111 00:08:21,984 --> 00:08:26,560 Sur ces 800 lois, 26 lois seulement concernent le droit privé. 112 00:08:27,550 --> 00:08:31,856 La plus importante des lois républicaines est la loi des Douze Tables. 113 00:08:32,440 --> 00:08:35,120 Cette loi restera toujours, aux yeux des Romains, 114 00:08:35,260 --> 00:08:38,768 la base de leur droit, même à une époque tardive. 115 00:08:39,130 --> 00:08:43,296 Cicéron raconte que les enfants en apprennent le texte par cœur. 116 00:08:43,540 --> 00:08:46,000 Cette loi sera en vigueur jusqu’à la fin de l’Empire. 117 00:08:46,810 --> 00:08:51,792 La loi des Douze Tables, rédigée vers 451 et 450 avant notre ère, 118 00:08:52,016 --> 00:08:57,168 met fin aux privilèges des pontifes qui maintenaient secrètes les formules du ius. 119 00:08:57,800 --> 00:09:03,472 Le ius, c’est la formule que le juge a charge de conserver et d’appliquer. 120 00:09:04,100 --> 00:09:10,080 A Rome, la formule a une importance primordiale car c’est la formule qui crée le droit. 121 00:09:10,520 --> 00:09:15,632 Cette formule est restée secrète jusqu’à la rédaction et la publication de cette Lex. 122 00:09:16,400 --> 00:09:21,712 Les iura, les recueils de formules, se retrouvent donc dans la loi des Douze Tables. 123 00:09:22,040 --> 00:09:29,744 La loi, la Lex, c’est là sans doute sa meilleure définition, formule l’état du ius. 124 00:09:30,410 --> 00:09:32,448 Les actions judiciaires deviennent, 125 00:09:32,592 --> 00:09:36,432 par la rédaction de la Loi des Douze Tables, les actions de la loi. 126 00:09:37,310 --> 00:09:41,600 Ces actions sont utilisées par les plaideurs pour toute action en justice. 127 00:09:42,050 --> 00:09:46,656 Le plaideur doit couler sa demande dans l’une des actions prévues par la loi. 128 00:09:47,100 --> 00:09:54,528 S’il n’y parvient pas ou s’il se trompe d’action, il ne peut pas obtenir de décision judiciaire 129 00:09:56,480 --> 00:09:59,300 B : Selon une procédure. 130 00:10:00,260 --> 00:10:03,872 La loi, en effet, est aussi le fruit d’une procédure. 131 00:10:04,700 --> 00:10:10,096 Sous la République romaine, la procédure législative se répartit entre trois acteurs : 132 00:10:10,592 --> 00:10:13,856 les magistrats, le Sénat et le peuple. 133 00:10:14,480 --> 00:10:19,904 Cette procédure constitue un observatoire exemplaire pour étudier ces trois pouvoirs. 134 00:10:20,330 --> 00:10:26,704 Le projet inspiré ou approuvé par le Sénat, rédigé par le magistrat est, au jour du vote, 135 00:10:26,768 --> 00:10:29,744 lu devant le peuple par un magistrat. 136 00:10:31,550 --> 00:10:34,912 Si la procédure se répartit entre trois acteurs, 137 00:10:36,096 --> 00:10:42,880 elle se règle véritablement en deux actes : lire et autoriser. 138 00:10:44,060 --> 00:10:46,080 Premièrement : Lire. 139 00:10:47,690 --> 00:10:52,070 En latin, le verbe legere, sur lequel est formé lex, 140 00:10:52,640 --> 00:10:57,568 doit se comprendre par le sens de recueillir, rassembler, reconnaître, 141 00:10:57,920 --> 00:11:02,496 sens que Cicéron avait retenu pour expliquer le mot religio. 142 00:11:03,110 --> 00:11:07,840 Il faut ici recueillir, rassembler et reconnaître des lettres, des mots, 143 00:11:08,128 --> 00:11:10,032 c’est-à-dire les lire. 144 00:11:10,760 --> 00:11:12,240 Il s’agit d’une action. 145 00:11:12,830 --> 00:11:17,680 Lex est un nom d’action, de genre animé, 146 00:11:18,144 --> 00:11:23,888 de même que chez certains peuples, la loi est l’écriture, la Lex à Rome est la lecture. 147 00:11:24,048 --> 00:11:28,624 C’est la parole encore qui doit s’entendre pour créer la loi. 148 00:11:29,390 --> 00:11:33,216 La lecture est faite à haute voix par un prêtre ou un magistrat. 149 00:11:33,710 --> 00:11:37,600 Le rite de la lecture, maintenu tout au long de la République, 150 00:11:37,744 --> 00:11:40,176 est très ancien et sans solennité. 151 00:11:40,760 --> 00:11:44,016 La lecture orale est une condition de validité du texte. 152 00:11:44,600 --> 00:11:49,216 La procédure législative contemporaine a gardé cette expression 153 00:11:49,350 --> 00:11:55,700 pour les projets de loi qui passent à l’Assemblée en première ou en seconde lecture. 154 00:11:56,870 --> 00:12:00,144 Ce texte lu à Rome est à l’impératif. 155 00:12:00,740 --> 00:12:06,320 L’emploi de l’impératif pour la Lex est le mode le plus approprié au peuple souverain. 156 00:12:06,860 --> 00:12:13,408 Ce mode impératif n’est pas sans rappeler le fas, la parole divine, elle aussi impérative. 157 00:12:13,568 --> 00:12:18,608 Le fas, c’est cette parole que les dieux utilisent pour dire ce qui est permis de faire. 158 00:12:19,190 --> 00:12:23,248 Nous avions évoqué, à propos de fas, la fama, la rumeur, 159 00:12:23,696 --> 00:12:29,824 cette parole collective, impersonnelle, qui devient comme un oracle. 160 00:12:30,208 --> 00:12:33,280 De là, l’expression "Vox populi vox dei". 161 00:12:33,710 --> 00:12:36,725 L’emploi de l’impératif commun aux dieux et au peuple 162 00:12:36,825 --> 00:12:40,350 charge donc la Lex d’une autorité souveraine. 163 00:12:42,320 --> 00:12:47,664 La Lex, c’est le ius rendu public par une proclamation solennelle, la lecture. 164 00:12:48,290 --> 00:12:52,944 Viendront ensuite la publication écrite et l’affichage. 165 00:12:54,560 --> 00:12:56,880 Deuxièmement : Autoriser. 166 00:12:57,950 --> 00:13:04,224 Si la lecture se fait devant le peuple, l’autorisation relève du Sénat. 167 00:13:04,970 --> 00:13:08,192 A l’origine, le peuple discute et vote la loi, 168 00:13:08,272 --> 00:13:12,800 puis le Sénat intervient pour valider le projet de son auctoritas. 169 00:13:13,920 --> 00:13:21,648 Par la Lex publilia, votée en 339 avant Jésus-Christ, un certain Publilius, 170 00:13:22,000 --> 00:13:29,216 à l’initiative de cette loi, veut donner au peuple un véritable pouvoir de décision. 171 00:13:29,900 --> 00:13:35,664 Cette Lex modifie la procédure et désormais la procédure fait intervenir le Sénat 172 00:13:35,680 --> 00:13:38,060 avant le vote populaire et le peuple. 173 00:13:38,750 --> 00:13:44,288 En votant la loi en dernier ressort, il justifie ainsi le style impératif de la loi. 174 00:13:45,290 --> 00:13:51,360 Depuis 339, le projet de loi est autorisé par le Sénat et rédigé par les magistrats. 175 00:13:51,776 --> 00:13:56,832 Il est affiché pendant 24 jours pour permettre les discussions et les critiques. 176 00:13:57,440 --> 00:14:01,472 Le jour du vote, l’Assemblée écoute la lecture du projet 177 00:14:01,920 --> 00:14:05,136 et le magistrat pose au peuple la question suivante : 178 00:14:05,328 --> 00:14:09,856 "Citoyens, acceptez-vous ou pas cette loi ?". 179 00:14:11,600 --> 00:14:15,648 Cette procédure de la Lex publia ne nuit guère au Sénat. 180 00:14:16,160 --> 00:14:19,856 Il est, en effet, abusif de dire que le peuple légifère. 181 00:14:20,120 --> 00:14:22,784 Il répond simplement à une question 182 00:14:23,072 --> 00:14:29,168 et le peuple ne fait que donner son accord à une loi élaborée par le Sénat et par un magistrat. 183 00:14:29,480 --> 00:14:32,176 Aucune discussion n’est tolérée dans l’Assemblée. 184 00:14:32,330 --> 00:14:37,056 Le rôle du Sénat, par son auctoritas, reste vraiment déterminant. 185 00:14:37,400 --> 00:14:45,184 Le Sénat pose simplement, depuis 339, son auctoritas dès le début de la procédure. 186 00:14:45,800 --> 00:14:49,360 Le principe de l’augmentation, du verbe latin augere, 187 00:14:49,710 --> 00:14:52,752 qui identifiait les manifestations divines, 188 00:14:53,008 --> 00:14:55,872 continue de marquer les institutions publiques 189 00:14:56,016 --> 00:14:58,128 jusqu’à la fin de cette première partie.